Terroir - Annexe 1

De Les Mots de l'agronomie
Date de mise en ligne
1er décembre 2017
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Cette annexe se rapporte à l'article Terroir.

Terroir (ou teroir) dans les Coutumes de Beauvaisis de Philippe de Beaumanoir (fin du XIIIe siècle)

Texte original
« Car aucune fois est li bons vin refusés quant on nomme le terroir la ou il crut, pour ce que l’on ne croit pas que teus terroirs puist tel vin porter (...)»

Transcription en français actuel par P. Morlon

« Car quelquefois le bon vin est refusé quand on indique le terroir où il ((le raisin) a poussé, parce qu’on ne croit pas que ces terroirs puissent produire un tel vin. »


« Se l’on veut bonner un chemin, l’on ne le doit pas fere en un lieu large et en l’autre estroit, ainçois se doit comporter d’une meisme largece. Nepourquant, s’il a larges places en aucuns lieus (…), si comme s’il semble que l’on les laissast pour reposer ou pour pasturer, ou pour ce que, pour la nature du terroir il i a plus mauvese voie, - teus places ne doivent pas estre ostees... »

« Si l’on veut borner un chemin, on ne doit pas le faire d’un côté large et de l’autre étroit, mais il doit être disposé aves la même largeur. Néanmoins, s’il a de larges espaces en certains endroits (…) si comme il semble qu’on les a laissés pour reposer ou pâturer, ou parce que, par la nature du terroir il y a une plus mauvaise voie, ces espaces ne doivent pas être supprimés  »


« Mes les mesures des terres se diversefient (…) en chascune vile, et pour ce doit on regarder lesqueles sont graindres et lesqueles sont mendres, et la valeur du terroir (…). »

« Mais les mesures des terres sont différentes (…) dans chaque ville, c’est pourquoi on doit vérifier lesquelles sont plus grandes et lesquelles sont plus petites, et la valeur (qualité) du terroir »


« Li arpens de bois selonc drois pris est prisiés .X. s. l’arpent ; mes l’on doit regarder (…) la valeur qu’il vaut quand il vient à coupe, (…) et, selonc ce que l’on le veoit meilleur (…), l’on doit le prix de .X. s. haucier, et se l’on voit qu’il vaille meins, par mauvès terroir, (…) l’on puet et doit rabaissier du pris. »

« L’arpent de bois, selon le juste prix, est à 10 sous l’arpent ; mais on doit regarder ce qu’il vaut quand il vient à coupe, (…) et, si on voit qu’il est meilleur (…) on doit monter le prix de 10 sous ; et si on voit qu’il vaut moins, par mauvais terroir, (…) on peut et doit baisser le prix. »


« Pierres et Jehans si avoient en un grant terroir le champart la ou il avoit mout de tenans. Et, de si lonc tans comme il pouoit souvenir, li tenant avoient mené le champart de ces lieus en une grange et la partissoient Pierres et Jehans si comme il s’acordoient, moitié a moitié. Puis avint que Pierres ne vout pas que li tenant de ces lieus menassent plus sa moitié de champars ou lieu la ou il avoient tous jours mené, ainçois vouloit qu’il la menassent en une meson qu’il avoit hors du terroir et hors du fief dont li champart mouvoient. A ce respondirent li tenant qu’il ne vouloient pas estre tenu a ce fere ne mener ne le vouloient fors ainsi comme il avoient accoustumé a mener et, se li dis Pierres ne vouloit pas qu’on menast plus en cel lieu, il le menroient quel part que Pierres vourroit ou terroir du quel li champart sont tenu.

Il fu jugié que li homme ne le menroient pas hors du terroir et qu’il offroient assés.  »

« Pierre et Jean avaient le champart (droit du seigneur de prélever une partie de la récolte) dans un grand terroir où il y avait beaucoup de tenanciers. Et, depuis aussi longtemps qu’ils pouvaient se souvenir, les tenanciers avaient apporté le champart de ces lieux dans une grange où Pierre et Jean se la partageaient moitié à moitié selon leur accord. Puis il arriva que Pierre ne voulut plus que les tenanciers de ces lieux apportent sa moitié de champart là où ils l’avaient toujours fait, mais il voulait qu’ils l’apportent à une maison qu’il avait en dehors du terroir et en dehors du fief dont ils emportaient le champart. A cela les tenanciers répondirent qu’ils ne voulaient pas être obligés à faire ainsi mais à l’apporter comme ils avaient l’habitude, et que si Pierre dit qu’il ne voulait plus qu’on l’apporte là, ils l’apporteraient là où Pierre voudrait, dans le terroir d’où les champarts sont dus.

Il fut jugé que les hommes n’apporteraient pas en dehors du terroir et que ce qu’ils proposaient suffisait. »


« … fors en la chastelenie de Creeil et en la vile et ou terroir de Saci le Grant et la Vile Nueve en Hes »

« … sauf en la châtellenie de Creil et en la ville et ou terroir de Sacy le Grand et la Ville Neuve en Hes »


Commentaire : Terroir y désigne surtout un espace approprié et délimité (territoire ou portion de territoire), mais peut aussi renvoyer à la qualité du vin qui y est produit.

Référence

Beaumanoir P. de, [ca. 1283] 1899 & 1900. Coutumes de Beauvaisis. Texte critique publié par A. Salmon. Picard & fils, Paris, 2 vol. 512 & 551 p. T. 1 ; T. 2 sur Gallica

Également l’édition de 1842 qui, basée sur d’autres manuscrits, écrit teroir : Beaumanoir P. de, [ca. 1283] 1842. Les Coutumes du Beauvoisis. Nouvelle édition, publiée, d’après les manuscrits de la Bibliothèque Royale, par le Comte Beugnot. Paris, Renouard, t. 1, cxxxi + 484 p. [t. 1 sur Googlebooks]

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