https://mots-agronomie.inrae.fr/Wicri/Europe/France/InraeMotsAgro/fr/index.php?title=Sp%C3%A9cial:Nouvelles_pages&feed=atom&limit=50&offset=&namespace=0&username=&tagfilter=Les Mots de l'agronomie - Nouvelles pages [fr]2024-03-29T06:26:02ZDe Les Mots de l'agronomieMediaWiki 1.31.10https://mots-agronomie.inrae.fr/index.php/Hubert_BoizardHubert Boizard2024-03-26T16:21:16Z<p>Pierre Morlon : Mise en ligne page auteur</p>
<hr />
<div>{{Infobox sémantique personne<br />
|Affiliation=Inrae<br />
|Affiliation 2=<br />
|Ville=80200 Doingt-Flamicourt<br />
|Pays=France<br />
|Spécialité 1=Agronomie<br />
|Spécialité 2=<br />
|Spécialité 3=<br />
|Département = Environnement et Agronomie<br />
|Unité = Unité d’Agronomie de Laon et Mons<br />
|Situation =Retraité<br />
}}<br />
{{Mots agronomie bibliographie}}<br />
[[Catégorie:Auteur]] <br />
{{DEFAULTSORT: Boizard,Hubert}}<br />
__NOTOC__<br />
<br />
==Parcours==<br />
Ingénieur INAPG (AgroParisTech), j’ai effectué ma carrière à l’INRAe, où j’ai conduit des expérimentations et travaux de recherche sur le déterminisme de l’état structural des sols : effet des tassements, travail et non travail du sol, régénération des sols tassés... J’ai aussi contribué au développement des méthodes visuelles d’évaluation de la structure du sol en lien avec mes travaux de recherche et au sein de l’ISTRO (International Soil Tillage Research Organisation).<br />
<br />
Membre de l’Académie d’Agriculture de France.<br />
<br />
==Sélection de publications==<br />
===chapitres d’ouvrages===<br />
*Boizard H., Ball B. C., Shepherd G., Roger-Estrade J., 2013. Caractérisation au champ de la structure des horizons de surface des sols cultivés. ''In'' : D. Baize, O. Duval, G. Richard, eds., ''Les sols et leurs structures. Observations à différentes échelles''. Quae : 119-129.<br />
*Boizard H., Chenu C., Labreuche J., Roger-Estrade J., 2014. Dynamique de la structure du sol en travail et non travail du sol. ''In'' : F.L.J. Labreuche, J. Roger-Estrade, eds., ''Faut-il travailler le sol ?'', Quae : 49-62.<br />
*Batey T., Guimaraes, R.M.L., Peigné J. Boizard H., 2015. Assessing structural quality for crop performance and for agronomy (VESS, VSA, SOILpak, Profil cultural, SubVESS). ''In'': B.C. Ball, L.J. Munkholm, eds., ''Visual soil evaluation: realising potential crop production with minimum environmental impact''. CABI: 15-30. [https://doi.org/10.1079/9781780644707.0015 Texe intégral]<br />
*Richard G., Boiffin J., Boizard H., Bruckler L., Cousin I., Roger-Estrade, J., 2020. Conditions physiques au sein du lit de semences et implantation des cultures. ''In'' : J. Boiffin, F. Laurent,t G. Richard, coord., ''Réussir l’implantation des cultures : Enjeux agroécologiques, itinéraires techniques''. Quae : 87-106.<br />
===Articles===<br />
*Boizard H., Richard G., Roger Estrade J., Dürr C., Boiffin, J., 2002. Cumulative effects of cropping systems on the structure of the tilled layer in northern France. ''Soil & Tillage Research'', 64 (Special issue: soil fragmentation and seed bed characterization): 149-164 <br />
*Boizard H., Won Yoon S., Leonard J., Lheureux S., Cousin I., Roger-Estrade,J., Richard G., 2013. Using a morphological approach to evaluate the effect of traffic and weather conditions on the structure of a loamy soil in reduced tillage. ''Soil & Tillage Research'', 127: 34-44 <br />
*Boizard H., Peigné J., Sasal M.C., de Fátima Guimarães M., Piron D., Tomis V., Vian J.-F., Cadoux S., Ralisch R., Tavares Filho J., Heddadj D., De Battista J., Duparque A., Franchini J.C., Roger-Estrade J., 2017. Developments in the profil cultural method for an improved assessment of soil structure under no-till. VSE Compact. Res. ''Soil & Tillage Research'', 173 : 92–103 <br />
*Boizard H., Peigné J., Vian J.F., Duparque A., Tomis V., Johannes A., Métais P., Sasal M.C., Boivin P., Roger-Estrade J., 2019. Les méthodes visuelles d’évaluation de la structure du sol au service d’une démarche clinique en agronomie. ''Agronomie, Environnement & Sociétés'', 9 (2), [https://agronomie.asso.fr/aes-9-2-6 Texte intégral] sur le site de l’AFA.<br />
<br />
==Liens externes==</div>Pierre Morlonhttps://mots-agronomie.inrae.fr/index.php/Profil_cultural_-_Compl%C3%A9ment_1Profil cultural - Complément 12024-03-23T17:08:58Z<p>Pierre Morlon : Changement de titre</p>
<hr />
<div>{{Note de haut de page<br />
|titre 1=Date de mise en ligne<br />
|note 1=<center>23 mars 2024</center><br />
}}<br />
{{Retour article<br />
|article=Profil cultural<br />
}}<br />
=Quelques repères historiques sur le profil de sol, avant le profil cultural=<br />
{{Note de haut de page<br />
|titre 1=Avertissement<br />
|note 1='''Dans les citations, les gras sont de nous.'''<br />
}}<br />
<big>'''''Auteur'' : [[A pour auteur::Pierre Morlon]]''' <br />
<br />
__NOTOC__<br />
<br />
<br />
{{citation dictionnaire<br />
|texte citation= Je n’ai cessé jusqu’à ce moment de répéter que les labours ou les défoncements de terre devaient être proportionnés à la longueur des racines des plantes que l’on sème. (…) Si elles recoupent sur la superficie, si au lieu de s’enfoncer, elles multiplient leurs chevelus & forment une touffe, ce n’est pas la faute de la plante, c’est celle du cultivateur qui n’a pas assez fait entrer le soc de la charrue ; aussi la récolte est médiocre, à moins que la saison ne soit très favorable, ou que le sol n’ait été enrichi par une bonne couche de fumier. |référence citation=[[A pour personne citée::Jean-Baptiste François Rozier|Rozier]], 1786, t. 7 : 321. }}<br />
<br />
'''Qu’est-ce que le profil cultural (concept et méthode) a apporté, par rapport à ce que la littérature [[agronome, agronomie : étymologie|agronomique]]''' ''sensu lato'' '''avait dit auparavant, sur la longue durée ?'''<br />
<br />
Voici quelques éléments fournis par une exploration rapide des textes imprimés en français au cours des siècles, sur ce qui touche aux deux aspects du profil cultural : sa méthode (ce qu’on fait) et ses objectifs (pourquoi on le fait… en se basant sur quelles connaissances ou théories).<br />
<br />
<br />
Premier aspect, la méthode : une coupe, c’est-à-dire une fosse dont on observe une face, en '''deux dimensions'''<ref>Il faudrait écrire « '''au moins''' deux dimensions », en fait trois car, dès la fin des années 1960, Michel Sebillotte enseignait à ses étudiants d’« avancer » horizontalement en grattant au couteau pour vérifier si ce qu’on avait observé et décrit sur cette face se poursuivait)</ref> – c’est ce qu’évoque le mot <u>profil</u>, la précision <u>cultural</u> indiquant d’abord qu’il s’agit d’un sol cultivé, où l’on peut voir les effets des <u> [[culture]]s</u> (au sens premier de <u>[[travail du sol]] </u>) que ce sol a subi.<br />
<br />
'''Y a-t-il des textes qui décrivent des coupes de [[sol]] cultivé, ou recommandent d’en regarder ?'''<br />
<br />
Deuxième aspect, les objectifs : qu’est-ce qui, dans ce que les yeux peuvent voir du sol (sans avoir besoin d’une instrumentation autre que le couteau pour gratter la face examinée), nuit aux <u>cultures</u> (au sens de récoltes) ? Quels remèdes, en particulier par le travail du sol, cette observation suggère-t-elle ?<br />
<br />
'''Que disent les textes de l’influence de la [[structure]] du sol sur l’enracinement des plantes cultivées, et de ce dernier sur les [[récolte]]s ?'''<br />
<br />
<br />
==Le profil cultural : on regarde une coupe de sol cultivé pour voir ce qui s’y oppose à de bonnes récoltes==<br />
===Un trou vidé puis rempli avec la terre qu’on en a tirée===<br />
'''Écartons d’abord, parce qu’elle ne concerne pas le sol dans sa géométrie mais le matériau terre''', l’antique méthode qui consiste à creuser un trou, laisser s’aérer la terre qu’on en a sortie, puis la remettre pour voir comment elle remplit le trou ([[A pour personne citée::Virgile|Virgile]], 28 av. J.C., 2 : 226-239 ; [[A pour personne citée::Columelle|Columelle]], ''ca''. 42 ap. J.C., II, 2 ; Palladius, 5<sup>e</sup> s. ap. J.C., I, 5 ; plus tard [[A pour personne citée::Charles Estienne|Estienne]] & [[A pour personne citée::Jean Liébault|Liébault]], 1570 : 6v ; [[A pour personne citée::Agostino Gallo|Gallo]] [1569] 1572 : 4 ; [[A pour personne citée::Olivier de Serres|O. de Serres]], [1600] 1804 : 4 ; et encore Home, 1757 ; [[A pour personne citée::Louis-François-Henri de Menon, marquis de Turbilly|Turbilly]], 1760…)..<br />
<br />
On peut s’étonner qu’aucun de ces auteurs ne dise avoir regardé les parois du trou. Est-ce parce que ce trou était très peu profond… ou bien certains n’ont-ils fait que recopier le texte sans pratiquer la chose ?<br />
<br />
===Deux précurseurs : Hales et Rozier===<br />
Au début du XVIII<sup>e</sup> siècle, l’Anglais Hales exprime un souhait, ou un rêve : « Il nous viendrait sans doute plusieurs idées utiles sur les différentes espèces de graisses, & sur la différente culture que l'on doit donner aux différents terrains, selon les saisons & les différents grains, si nous faisions souvent des observations sur tout ce qui arrive aux grains pendant leur accroissement ; '''& non seulement sur ce qui leur arrive au dessus de terre, mais même sur ce qui se passe au dessous à leurs racines (…) & cela seulement en comparant la longueur & l’extension de chaque racine & de tout son chevelu, à l’espace de terre qu’elle doit occuper''', sans nuire à ses voisines » ([1727] 1735 : 307-308). Je n’ai pas trouvé trace de cette suggestion par la suite chez les auteurs français qui ont pourtant, sur d’autres points, repris la traduction de ce texte par Buffon.<br />
<br />
Soixante ans plus tard, '''l’Abbé Rozier (1786) recommande d’observer des tranchées dans le sol d’un [[Champ, pièce, parcelle|champ]]''', en distinguant les besoins de la culture des grains de ceux d’un [[verger]] :<br />
<br />
<center><big>« CHAPITRE II. ''Comment faut-il labourer ?''</big> </center><br />
<center>Section Première. ''Quelle doit être la profondeur du labour relativement à la qualité de la terre ?'' </center><br />
Le cultivateur, avant de labourer, doit avoir étudié & connaître, 1° quelle est la profondeur de ''la couche supérieure'' du champ, & sa qualité ? 2°. Dans la supposition qu’elle soit mince, de quelle nature est celle de dessous ? 3°. Quel est le parallélisme ou inclinaison de son champ ? (…) <br />
<br />
'''Pour connaître la profondeur & la qualité de la couche supérieure, il faut, avec une bêche, une pioche, &c. faire ouvrir des tranchées à différents endroits du champ, & fouiller à la profondeur de deux pieds'''. Heureux celui qui trouvera une terre homogène & de bonne qualité. Des recherches postérieures sont inutiles, ou du moins de pure curiosité, tant qu’il ne s’agira que de la culture des grains ; mais s’il est question d’un jardin fruitier, cette couche supérieure ne sera pas suffisante. (…)<br />
<br />
II. ''De la couche inférieure''. Si la couche supérieure porte sur une couche épaisse d’argile, la première sera naturellement humide, parce que les eaux n’auront pas la facilité de s’écouler. Il en sera ainsi si la couche inférieure est ferrugineuse & par lit, comme dans les landes de Bordeaux, de la Hollande, de la Flandre Autrichienne près d’Anvers, où s’il se trouve des bancs calcaires à grandes couches ; si au contraire la partie inférieure est sablonneuse, caillouteuse, la supérieure sera toujours sèche, à cause de la facile infiltration des eaux.<br />
<br />
Dans le premier cas, les labours, même les plus profonds, sont inutiles ; il vaut beaucoup mieux ouvrir des tranchées d’écoulement qui traverseront le champ ; & pour ne point perdre de terrain, les remplir de cailloux, de grosses pierres, & recouvrir le tout avec deux pieds de bonne terre. Ce moyen assainit le champ, & rend la terre labourable à la profondeur qu’on exige. Dans le second, on peut fouiller profondément par les labours préparatoires ; mais on a à craindre dans la suite les effets de la sécheresse, surtout dans les pays méridionaux, à cause de la grande évaporation. » (t. 6 : 130-131). <br />
<br />
Mais ces observations ne sont pas le critère principal déterminant la profondeur du [[Des labours|labour ]]: « '''Je n’ai cessé jusqu’à ce moment de répéter que les labours ou les défoncements de terre devaient être proportionnés à la longueur des racines des plantes que l’on sème.''' » (Rozier, 1786, t. 7 : 321). Ce qui renvoie à la deuxième partie (ci-dessous) de notre étude.<br />
<br />
<br />
===Des [[Semelle de labour|semelles de labour]]===<br />
Le même Rozier parle de racines de trèfle qui ne pénètrent pas sous la couche labourée : « si le sol est compact, fort & tenace, & si on s’est contenté de le labourer, ou plutôt de l’égratigner seulement à quelques pouces de profondeur, (…), le pivot ne pourra le pénétrer, surtout si la première saison, après le semis, est sèche ; dès lors ce pivot tracera entre la couche de terre remuée & celle qui ne l’est pas » (1796, t. 9, article <u>Trèfle</u>).<br />
<br />
Dans les textes que nous avons lus, les premiers à mentionner clairement ce que nous appelons une semelle de labour sont [[A pour personne citée::Charles Pictet de Rochemont|Pictet de Rochemont]](Genève, 1801) et [[A pour personne citée:: Albrecht Thaër|Thaer]] (1812) dans le nord de l’Allemagne :<br />
<br />
« La couche de terre remuée par la charrue varie en épaisseur depuis trois à quatre pouces jusqu’à sept ou huit, selon l’usage des lieux, la construction des charrues employées, et la nature du terrain que l’on cultive. Quelle que soit la profondeur habituelle des labours dans un canton, il reste au-dessous de la couche remuée, un plan qui n’a jamais été entamé, et que les racines des plantes pivotantes, dans les récoltes intercalaires, ne pénètrent point. '''Quelle que soit la nature de cette terre vierge, qu’elle soit argileuse, graveleuse, ou végétale, elle est toujours excessivement dure, parce que, de temps immémorial, elle a été battue et foulée par les pieds des animaux de labour qui marchent dans la raie ouverte, et par le soc de la charrue, dont le talon appuie fortement sur ce plan qui lui sert de point d’appui''' (…). Si l’on regarde les racines d’un trèfle que l’on rompt à la seconde année, on voit qu’elles n’ont pas pénétré dans cette couche dure qui est au-dessous de la terre remuée. Ces racines pivotantes ont de 4 à 8 pouces de long, suivant que la couche remuée est plus ou moins épaisse. » (Pictet, 1801 : 37-39).<br />
<br />
« Par un labour simple au printemps ou en automne (…) la terre (…) conserve même l’empreinte de la pression de la charrue » ([1809] 1811 : 283) ; « Au-dessous de la sphère d’activité de la charrue, il se forme une croûte dure, laquelle coupe à la terre qui est au-dessous toute communication avec l'atmosphère et avec la couche de terre végétale. (…) rien ne contribue tant à former cette croûte dont nous avons parlé, que l’action réitérée de la charrue à une même profondeur » (Thaer [1812] 1814 : 83-84).<br />
<br />
'''Ces observations ont manifestement été faites sur ce que nous appelons des profils, mais qui ne sont pas eux-mêmes explicités'''. Elles se limitent à la couche labourée et à ce qu’il y a juste en dessous, comme les nombreux écrits qui, au XIX<sup>e</sup> siècle, traitent de la façon dont le labour retourne le sol :<br />
<br />
<br />
===La géométrie du labour===<br />
Elle dépend de la proportion entre la largeur et la profondeur de la tranche de labour.<br />
<br />
Parmi les nombreux textes à ce sujet au long du XIX<sup>e</sup> siècle, retenons celui de Thaer :<br />
<br />
« Il est certain que la tranche peut bien mieux se renverser, lorsque le sillon qui la reçoit est sensiblement plus large qu’elle. Nos charrues renversent la terre de manière qu’une tranche soit appuyée sur l’autre à peu près de la manière représentée ici.<br />
[[File:MotsAgro_Profil cultural_Complément 1_1.jpg|400px|thumb|right|<center>'''Fig. 1. Les tranches de labour (Thaer, 1812)'''</center>]]<br />
Cette inclinaison est précisément celle qui, au moyen des espaces qui restent vides entre chaque tranche, opère l’ameublissement du sol de la manière la plus parfaite ; ainsi l’air est en quelque sorte renfermé dans la terre et entre en contact même avec la partie inférieure du sol. Ces espaces servent aussi à conserver l’eau que les pluies ont amassé dans la terre, et lorsque cette humidité est évaporée par la chaleur, le sol s'ameublit encore davantage, la terre alors descend peu à peu, et remplit les espaces vides. Cette surface, qui contient autant de prismes qu’il y a de raies, a beaucoup plus de points de contact avec l’atmosphère, et la herse y a une action bien plus sensible que sur une surface unie, à tel point même que non seulement la terre en est pulvérisée, mais qu’encore les racines qui y sont contenues sont arrachées par cet instrument. » ([1812] 1814 : 21-22).<br />
<br />
Le même Thaer parle aussi de pulvériser les mottes laissées par le labour :<br />
<br />
« Par un labour simple au printemps ou en automne, la superficie du champ est à la vérité retournée et remuée, mais pas tellement divisée que les mottes en soient brisées et réduites en terre meuble. La terre réunie en mottes, se durcit plutôt en masses dures, lorsqu’elle est recouverte sans être brisée (…) ; surtout lorsque le labour a eu lieu pendant que le sol était encore humide, la tranche exposée à l’ardeur du soleil, prend la dureté de la tuile. La terre qui s’est ainsi agglomérée est infertile, parce que la plupart des plantes à racines fibreuses ne pouvant pas y pénétrer, sont obligées d’en faire le tour ; au moyen de cela, cette partie du terrain se trouve enlevée à la végétation. Cela revient donc au même, que le sol soit composé en plus grande partie de pierres, ou de terre qui s’est ainsi agglomérée. Pour briser convenablement ces mottes, il n’y a guères d’autre moyen à employer qu’une jachère continuée pendant toute l’année, laquelle les ramène successivement toutes à la surface, et les expose à l’humidité de l’atmosphère, afin que lorsqu’elles ont été détrempées, elles puissent être brisées par la herse ou d’autres instruments. » (Thaer, [1809] 1811 : 283-284 ; même idée pp. 2-3 du t. 3).<br />
<br />
<br />
===Et le profil pédologique ?===<br />
[[A pour personne citée::Stéphane Hénin|Hénin]] ''et al.'' (1960) ont emprunté le mot <u>profil</u> à la [[pédologie]]. Quelle relation le profil pédologique a-t-il donc avec l’agronomie ?<br />
<br />
Incontestablement, l’examen de la face d’une fosse. Mais après ? <br />
<br />
'''Quand on cherche comment l’idée de profil empruntée à la pédologie a pu être transmise en agronomie avant la création du profil cultural, on trouve des choses extrêmement pauvres, de peu d’utilité pratique en agriculture :'''<br />
<br />
En 1946, Riedel publie dans le ''Bulletin Technique d’Information à l’usage des Directions des Services agricoles et des Établissements d’Enseignement agricole'' un article intitulé « L’étude de profils de sol au secours du Professeur d’Agriculture », dont voici les trois figures : <br />
[[File: MotsAgro_Profil cultural_Complément 1_2.jpg|800px|thumb|center|<center>''' Fig. 2. Exemples de profils de sol pour l’enseignement agricole (Riedel, 1946)'''</center>]]<br />
<br />
<br />
En 1955, cinq ans avant la 1<sup>e</sup> édition du ''Profil cultural'', le même Riedel évoque « l’extension des racines » dans « un examen attentif des profils ».<br />
<br />
<br />
Le problème est que '''pendant longtemps, la pédologie a exclu les sols cultivés''' car elle avait pour objectif de classer les sols en fonction de leur formation naturelle (la pédogénétique) : '''le profil pédologique doit être observé sur un terrain « vierge » de toute perturbation par l’agriculture'''. Dans le t. 1 de ses ''Principes d’agronomie, Dynamique du sol'', Demolon traite d’abord du profil pédologique : « On nomme profil une section verticale allant de la surface à la roche mère dans son état inaltéré. (…) La mise en culture a pour résultat de s’opposer à la formation d’un profil naturel en mélangeant continuellement les horizons supérieurs (…) En principe, lorsqu’on veut mettre en évidence les caractères génétiques, la prise d’échantillons doit porter sur des sols vierges. » (1948, 4<sup>e</sup> édition : 36-37). <br/><br />
Ceci dit, « Dans la description du profil, on indiquera (…) pour chacun des horizons successifs : (…) 3° la structure (compacte, schisteuse, fendillée, prismatique, polyédrique, en colonnes, grumeleuse, motteuse, sableuse, etc.) » (p. 38). Dans le chapitre sur le climat du sol, il parle des <u>profils thermiques</u> et de leur variation saisonnière (p.220-221) et des <u>profils hydriques</u> (226-229), toutes choses utiles à l’agronome !<br />
<br />
<center><big>* * *</big></center><br />
C’est tout ce que j’ai trouvé, et ce n’est pas beaucoup, dans l’immensité de la littérature existante.<br />
<br />
'''Comment expliquer que pendant très longtemps, regarder le sol et ce qui s’y passe, comment les racines s’y enfoncent, semble n’avoir intéressé qu’une infime minorité d’agronomes, et encore en dépassant à peine la profondeur des labours d’alors ?'''<br />
<br />
'''La deuxième partie de cette exploration révèle que deux choses dont on aurait imaginé qu’elles étaient connues dès l’Antiquité, parce qu’elles sont aujourd’hui évidentes, n’ont été acquises que très tard : <br />
* la compréhension de la dépendance de la production au volume de sol exploité par les racines (et particulièrement à la profondeur de ces dernières, en cas de [[sécheresse]]) <br />
* et, en amont, la connaissance des profondeurs potentiellement atteintes dans les meilleures conditions par les racines des principales [[espèce]]s cultivées.'''<br />
<br />
<br />
==Des prérequis acquis très tard==<br />
===La relation entre la production végétale et la profondeur des racines (ou le volume qu’elles exploitent)=== <br />
Commençons par le plus surprenant : ce n’est qu’au milieu du XIX<sup>e</sup> siècle que cette relation a été établie ! Cela a sans doute conditionné tout le reste, et peut expliquer que la plupart des auteurs anciens ne considéraient qu’une profondeur de sol très limitée – en gros, celle du labour. <br />
<br />
Mentionnons à part Hales ([1727] 1735 : 307) qui s’intéresse à la surface d’échange (extrêmement difficile à estimer !) entre les racines et le sol : « Plus la surface des racines sera grande, à proportion de celle des parties de la Plante, qui sont exposées à l’air, plus aussi la Plante tirera de nourriture, & plus elle sera vigoureuse & capable de résister au froid, & aux autres intempéries de l'air. ».<br />
<br />
<br />
====Les éléments nutritifs contenus dans le volume de terre====<br />
Au milieu du XIX<sup>e</sup> siècle, [[A pour personne citée::Adrien de Gasparin|Gasparin]] prend toujours dans ses calculs une profondeur de 30 cm ou de 1/3 de mètre : « Pour que l’approvisionnement en eau d’un terrain soit suffisant, il faut qu’il conserve constamment à 30 cm de profondeur, au delà de 0.13 de son poids d’eau » « voilà la terre de Marville dont les substances azotées dosent 8,800 kg d’azote par hectare pris à 1/3 de mètre de profondeur : comment une fumure de 120 kg d’azote peut-elle y avoir les effets si considérables qu’on lui voit produire ? » (1854 : 78 ; 90-91 ; 95 ; id. p. 79-80 ; 97-98 ; 126 ; 188-89).<br />
<br />
De même [[A pour personne citée::Jean-Baptiste Boussingault|Boussingault]] : « Sous le rapport des matières azotées, la terre du Liebfrauenberg est certainement d’une grande richesse, puisque chaque kg renferme 2,61 g d’azote. Si l’on considère que le litre de terre sèche pèse 1,300 kg, que la profondeur moyenne du sol est de 33 cm, l’hectare contiendrait 11310 kg d’azote, représentant 13734 kg d’ammoniaque. » (1860 : 289-290). <br />
<br />
En 1893, [[A pour personne citée:: Pierre-Paul Dehérain|Dehérain]] reprend encore cette profondeur tout en la questionnant : « Si l’on admet que les racines des plantes annuelles s’enfoncent jusqu’à 35 cm, ce qui, pour la plupart d’entre elles, est au-dessous de la vérité, on calcule que la couche de terre active qui couvre un hectare, jusqu’à cette profondeur de 35 cm, pèse environ 4,000 tonnes ; un hectare d’une terre renfermant un millième d’azote contiendrait donc 4,000 kg d’azote et 8,000, si l’analyse en décelait 2 millièmes. ».<br />
<br />
<br />
En '''1860''', Boussingault fait, sur plantes en pots, '''une observation qui n’était alors pas évidente, puisque Gasparin la diffuse immédiatement et qu’en 1887 Dehérain la compte au titre des apports de Boussingault à la science de l’agriculture'''. La voici : <br />
<br />
« Il s’est manifesté un fait intéressant qui '''semblerait indiquer que''', dans les limites où les expériences ont eu lieu, '''une plante'''<ref>Le lecteur moderne pourrait s’étonner que Boussingault se soit intéressé à la production de plantes individuelles isolées et non au rendement d’un couvert végétal. Mais il publie cela en 1860, peu après la dernière disette en France. Or, comme nous l’expliquons dans l’article [[Signification des rendements]], ce qui intéresse le cultivateur (et donc l’agronome ?) en période de disette n’est pas le rendement à l’hectare mais celui à la semence (« La graine pesant 1, la plante pesait »), que l’on augmente en réduisant la densité de semis pour éviter la concurrence entre plantes.</ref>''' se développe proportionnellement au poids de la terre végétale mise à sa disposition''' : on a eu, en effet, pour les haricots parvenus à une complète maturité :<br />
<br />
{|class="wikitable" style="width:60%"<br />
|<center>Terre végétale donnée à la plante<br />
|<center>Poids de la plante sèche<br />
|<center>La graine pesant 1, la plante pesait<br />
|<center>Azote dans la plante<br />
|-<br />
|<center>50<br />
|<center>1,890<br />
|<center>4,5<br />
|<center>0,041<br />
|-<br />
|<center>100<br />
|<center>3,434<br />
|<center>8,5<br />
|<center>0,073<br />
|}<br />
En considérant ce qui se passe dans la culture normale, il est clair que cette relation ne se maintiendrait plus si les quantités de terre étaient considérables » : elle serait moins que proportionnelle au volume de terre et atteindrait sa limite lorsque ce dernier contiendrait la quantité de « principes que la plante serait capable d’assimiler pour atteindre son maximum de rendement » (p. 358-359). '''Boussingault relie ici la [[croissance]] de la plante à la seule quantité d’[[éléments nutritifs]] à sa disposition, pas à l’eau'''.<br />
<br />
<br />
====L’eau emmagasinée dans le sol====<br />
« Mais si avant de semer le blé, on laboure à sillons profonds, ainsi qu’il a été dit ci-dessus, il en résultera deux grands avantages : 1° le blé en profitera ; 2° le trèfle plongera sans peine son pivot, n’absorbera pas l’humus de la couche supérieure ; enfin, il craindra moins dans la suite les funestes effets de la sécheresse. » (Rozier, 1796, t. 9, article <u>Trèfle</u>).<br />
<br />
En 1896-97-98, dans des [[expérience]]s visant à identifier à quoi sert le travail du sol, Dehérain montre qu’un sol meuble (travaillé) [[Réserve utile|emmagasine plus d’eau]] qu’un sol [[tassement|tassé]] et en laisse aussi pénétrer plus vers les couches profondes, ce qui a une influence décisive sur l’abondance des récoltes : « Ce sont ces réserves qu’utilisent les plantes à longues racines, comme le blé ou la luzerne ». Il tire cette conclusion de la comparaison des rendements en cases de végétation où la profondeur des racines est limitée à 1 m, et en parcelles de culture. « '''une récolte de blé ne sera abondante qu’à la condition qu’elle rencontrera dans le sous-sol l’eau nécessaire à sa transpiration (…) Le blé va donc chercher l’eau jusque dans les profondeurs du sous-sol''' et c’est précisément à la longueur de ses racines qu’il doit son habitat sur les plateaux. » (1898). <br />
<br />
<br />
===Quelle profondeur les racines atteignent-elles dans les meilleures conditions (en l’absence d’obstacle) ?===<br />
La littérature distingue toujours trois types de plantes :<br />
* Les '''ligneux pérennes : [[vigne]], [[olivier]], arbres fruitiers et d’ornement'''. Les dimensions spectaculaires des racines des arbres déracinés et les conséquences à long terme de l’enracinement à la [[plantation]] font que ce sont, de très loin, les plus et les mieux traités, de l’Antiquité méditerranéenne – [[A pour personne citée::Théophraste|Théophraste]] (Grèce, ca. 375 av. J.C.) donne des descriptions précises de la morphologie et des dimensions observables – à l’article <u>Racine</u> du Cours complet d’agriculture de l’Abbé Rozier (1789). <br />
* Les '''plantes à racines pivotantes non ligneuses, pérennes ([[luzerne]]) ou annuelles'''. « … ces racines Pivotantes [vigne, luzerne] pénètrent quelquefois à plusieurs brasses [unité proche de 1,60 m] de profondeur » ([[A pour personne citée::Henri-Louis Duhamel du Monceau|Duhamel du Monceau]], 1750 : v ; 3-4) ; « … la luzerne qui darde un pivot dont la longueur est souvent d’une toise [1,8 m] si le sol lui convient. » (Rozier, 1789, t. 8 : 477, 483).<br />
* Les '''plantes à racines « fibreuses », fasciculées, en particulier les [[céréale]]s'''. C’est là que les choses se corsent ! (Un pouce = 2,7 cm).<br />
<br />
« Pour ce qui est du blé & des autres grains, un pied & demi au plus de profondeur suffira pour les faire pousser avec vigueur, parce que leurs racines ne piquent dans la terre qu’à sept à huit pouces au plus » (Angran de Rueneuve, 1712 : 158, affirmation répétée plus loin).<br />
<br />
« … le froment, le seigle, &c., n’auraient pas besoin d’un labourage de plus de huit pouces de profondeur, puisque leurs racines fibreuses n’enfoncent qu’à six pouces » (Rozier, 1789, t. 8 : 476).<br />
<br />
« A l'aide de la simple vue on a souvent remarqué que les racines du blé pénétraient à huit pouces de profondeur, et par le moyen de verres à grossir, on a distinctement aperçu que là encore leurs racines avaient été tronquées (…) il est très vraisemblable que leur extrémité la plus ténue s'étend réellement à douze pouces au-dessous de la superficie du sol. Nous pouvons donc avec fondement envisager cette profondeur comme la limite du sol à blé, et admettre en principe que les plantes pénètrent jusque là avec leurs racines, si elles trouvent une terre fertile et meuble. » (Thaer, [1812] 1814 : 80-81).<br />
<br />
Ceux qui donnent des chiffres un peu plus grands, comme [[A pour personne citée:: Nicolas François de Neufchâteau|François de Neufchâteau]], « On a vu des tiges de blé qui avaient des racines de quinze à dix-huit pouces. Comment un pied de bonne terre pourrait-il leur suffire ? » (1804 : 61) sont bien isolés. <br />
<br />
<br />
'''Dans l’état actuel de mes lectures, il faut attendre la toute fin du XIX<sup>e</sup> siècle pour avoir d’autres chiffres pour le [[blé]] :'''<br />
<br />
En 1894, Garola compare ses observations avec les données de la littérature :<br />
<br />
« Le développement des racines des céréales est en raison de la profondeur de la couche perméable et saine. On en rencontre souvent d’abondantes jusqu'à 30 et 40 cm. Dans nos essais sur le développement des racines des céréales, essais rapportés précédemment, nous avons constaté pour les diverses plantes, les développements suivants des racines en longueur : Blé, 50 cm ; Seigle , 45 ; Escourgeon, 45 ; Orge , 46 ; Avoine, 55 ; Sarrasin 30 ; Maïs, 90 ; Millet, 55.<br />
<br />
Dans des cas très favorables, on a même mesuré des racines de plusieurs mètres de longueur. En sa ferme de Calèves, dont le sol est constitué par des argiles glaciaires (…) Risler n’a trouvé les racines du blé abondamment développées que jusqu’à la profondeur de 30 à 35 cm où avaient pénétré la charrue et la fouilleuse. Plus bas, les racines étaient rares, et suivaient en général les fentes qui s'étaient formées dans l'argile jusqu'au niveau des drains, situé en moyenne à 1,10 m.<br />
<br />
Le docteur Fraas avance que, même dans une terre de jardin, les racines du blé ne dépassent pas 45 à 65 cm de profondeur. Schubart, d’un autre côté, a trouvé des racines de blé de 2,30 m de longueur. De même, M. de Gasparin (…) dit que les racines du blé prennent quelquefois un grand développement, quand elles y sont sollicitées par la légèreté du terrain, d’abondants engrais, et l’existence de couches fraîches et profondes ou de cours d’eau inférieurs au sol. Il rapporte que M. Fournet a trouvé de ces racines ayant 3 m de long, et que lui-même en a vues de deux mètres sur les bords du Rhône. » (p. 246-247).<br />
<br />
En 1898, à partir d’observations faites à Grignon et en Limagne, Dehérain souligne de façon répétée « … les racines du blé, très fines, très déliées, extrêmement longues, descendent verticalement dans le sol jusqu’à une profondeur de 75 cm environ, 1 mètre même, et, parfois, elles sont encore plus longues. ».<br />
<br />
<br />
[[File: MotsAgro_Profil cultural_Complément 1_3.jpg|450px|thumb|right|<center>''' Fig. 3. (Demolon, 1956 : 90)'''</center>]]<br />
Plus tard encore, [[A pour personne citée::Albert Demolon|Demolon]] (1956) confirme « A Grignon, en limon avec sous-sol perméable, Brétignière trouve que les racines du blé sont arrêtées à 1,40 m par le calcaire grossier. (…) <br />
*Blé. L'élongation des racines primaires dans des conditions très favorables est fort rapide et peut dépasser 1 cm par jour ; elles atteignent normalement 1,20 m à 1,50 m. (…)<br />
*Avoine. Les racines peuvent dépasser 1 m en 60 j ; le développement horizontal est de 15 à 25 cm et la profondeur en moyenne de 75 cm. (…)<br />
*Betterave sucrière. (…) en sol favorable, les racines inférieures sont également très ramifiées jusqu'à une profondeur qui peut atteindre 1,20 m à 1,50 m. » (76 ; 88-90), fig. 3.<br />
<br />
<br />
'''D’où venaient ces sous-estimations, si longtemps systématiques ? Estimait-on la profondeur des racines en arrachant la plante, brisant ainsi toutes les racines fines ?''' En 1898 (voir ci-dessus), Dehérain, qui indique avoir fait fouiller la terre avec précaution pour y observer les racines du blé, de la luzerne, de la betterave, souligne que « Pour les obtenir sans les briser, il faut beaucoup de patience et beaucoup d’adresse ».<br />
<br />
'''Ou bien les racines observées rencontraient-elles souvent un obstacle à la profondeur du labour (voir ci-dessus : des semelles de labour), créant ainsi un cercle vicieux dans le raisonnement ?'''<br />
<br />
==Notes==<br />
<references/><br />
<br />
<br />
==Références citées== <br />
*Angran de Rueneuve, 1712. ''Observations sur l'Agriculture et le Jardinage, pour servir d’Instruction à ceux qui désireront s’y rendre habiles''. Paris, t. 1, xiii + 384 + 22 p. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6556941p Texte intégral] sur Gallica.<br />
*Boussingault J.B., 1860. ''Agronomie, chimie agricole et physiologie'', 2<sup>de</sup> éd., t. 1. [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9675850d Texte intégral] sur Gallica.<br />
*Columelle [''ca.'' 42] 1844. ''Rei rusticæ libri''. [http://www.thelatinlibrary.com/columella.html Texte intégral] sur thelatinlibrary. ''De l’Agriculture''. Trad. du Bois, 1844. [http://remacle.org/bloodwolf/erudits/columelle/index.htm Texte intégral] sur remacle.org : [http://fr.wikisource.org/wiki/De_l’agriculture Texte intégral] sur wikisource.<br />
*Dehérain P.P., 1887. L’œuvre agricole de M. Boussingault. ''Annales agronomiques de Dehérain'', t. 13 : 289-319. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k63783983/f295 Texte intégral] sur Gallica.<br />
*Dehérain P.P., 1893. Le travail du sol et la nitrification. ''Annales agronomiques'', 19 : 401-417. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6378610s Texte intégral] sur Gallica.<br />
*Dehérain P.P., 1896. Sur le travail du sol. ''Annales agronomiques'', t. 22 : 449-469. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6378085f Texte intégral] sur Gallica.<br />
*Dehérain P.P., 1897. Le travail du sol (2<sup>e</sup> mémoire). ''Annales agronomiques'', t. 23 : 216-229. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6378017m Texte intégral] sur Gallica.<br />
*Dehérain P.P., 1898. Le travail du sol (3<sup>e</sup> mémoire) : pénétration, emmagasinement et mouvement de l’eau dans le sol. ''Annales agronomiques'', t. 24 : 449-481. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6378178n Texte intégral] sur Gallica.<br />
*Demolon A., 1948. ''Principes d’agronomie. t. 1 : Dynamique du sol''. 4<sup>e</sup> éd. Dunod, Paris, 414 p.<br />
*Demolon A., 1956. ''Principes d’agronomie. t. II : Croissance des végétaux cultivés''. 5<sup>e</sup> éd. Dunod, Paris, 576 p.<br />
*Duhamel du Monceau H.L., 1750. ''Traité de la culture des terres, suivant les Principes de M. Tull, Anglois''. Vol. 1, Paris, XXXVI + 488 p. + figures. [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1510897q Texte intégral] sur Gallica.<br />
*de Serres O., [1600] 1804. ''Le théâtre d’agriculture et mesnage des champs…'' t. 1. Nouvelle édition, publiée par la Société d’Agriculture du Département de la Seine, Paris, CXCII + 672 p., fig. HT. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9617551r Texte intégral] sur Gallica.<br />
*Estienne C., Liebault J., 1570. ''L’agriculture et maison rustique''. Paris, chez Jacques du Puis. id., 1572 [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k52170x Texte intégral] sur Gallica.<br />
*François de Neufchâteau N., 1804. Note à l’édition du ''Théâtre d’Agriculture'' d’Olivier de Serres, t. 1. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9617551r Texte intégral] sur Gallica.<br />
*Gallo A., [1569] 1572. ''Secrets de la vraye agriculture, et honestes plaisirs qu’on reçoit en la mesnagerie des champs,...'' traduits en françois de l’italien par François de Belleforest. Paris, 427 p. [https://books.google.fr/books/about/Secrets_de_la_vraye_agriculture_et_hones.html?id=lu_SqxN7TlUC&redir_esc=y Texte intégral] sur books.google.<br />
*Garola C.V., 1894. ''Les céréales''. Paris, 815 p., [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k146834t Texte intégral] sur Gallica.<br />
*Gasparin A. de, 1854. ''Principes de l’agronomie''. La Maison rustique, Paris, xii + 232 + 42 p. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6578080v Texte intégral] sur Gallica.<br />
*Hales S., [1727] 1735. ''La statique des végétaux et l’analyse de l’air. Expériences nouvelles''. Traduit par Buffon, Paris, xviii + tables + 408 p. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k10426214 Texte intégral] sur Gallica.<br />
*Hénin S., Féodoroff A., Gras R., Monnier G., 1960. ''Le profil cultural. Principes de physique du sol''. Paris, Société d’Éditions des Ingénieurs Agricoles, 320 p.<br />
*Home F., [1757] 1761. ''Les principes de l’agriculture et de la végétation''. Paris, 155 p (+ 18 p de 2 mémoires d’un auteur français anonyme). [http://archive.org/details/lesprincipesdela00home] Texte intégral] sur archive. org ou [http://openlibrary.org/books/OL24129780M/Les_principes_de_l%27agriculture_et_de_la_vegetation. Texte intégral] sur openlibrary.<br />
*Palladius, [''ca.'' 450] 1843. ''De re rustica''. Trad. Cabaret-Dupaty. [http://remacle.org/bloodwolf/erudits/palladius/index.htm Texte intégral] sur remacle.org. <br />
*Pictet de Rochemont C., 1801. ''Traité des Assolemens, ou de l’art d’établir les rotations de récoltes''. Genève, 285 p. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96242082 Texte intégral] sur Gallica.<br />
*Riedel C.E., 1946. L’étude de profils de sol au secours du Professeur d’Agriculture. ''B.T.I.'' n°6 : 35-39.<br />
*Riedel C.E., 1955. Classification des sols et fertilité des terres. ''Économie rurale'', 23 : 15-20.<br />
*Rozier F. (Abbé). ''Cours complet d’agriculture théorique, pratique, économique, et de médecine rurale et vétérinaire, suivi d’une Méthode pour étudier l’Agriculture par Principes, ou Dictionnaire universel d’agriculture''. <br />
**t. 6, 1785, 736 p. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1042729s Texte intégral] sur Gallica.<br />
**t. 7, 1786, 680 p. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1042731v Texte intégral] sur Gallica.<br />
**t. 8, 1789, 697 p. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k491963 Texte intégral] sur Gallica.<br />
**t. 9, 1796, 674 p. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k49197f Texte intégral] sur Gallica.<br />
*Thaer A. von, ''Principes raisonnés d’agriculture''. Traduction de EVB Crud, Paris & Genève.<br />
**t. 1, [1809] 1811, ix + 372 p. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97456252 Texte intégral] sur Gallica.<br />
**t. 3, [1812] 1814, 304 p., HT. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9745651j Texte intégral] sur Gallica.<br />
*Théophraste, ''ca''. 314-300 av. J.C. [Περὶ Φυτῶν Ιστορίας] ''Recherches sur les plantes''. Traduction É Egger et E. Fournier. [http://remacle.org/bloodwolf/erudits/theophraste/plantes.htm Texte intégral] sur remacle.org.<br />
*Turbilly L.F.H. de, 1760. ''Mémoire sur les défrichemens''. Paris, xii + 322 p. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97618200 Texte intégral] sur Gallica.<br />
*Virgile, ca. 28 av. J.C.. ''Géorgiques''. Nous choisissons la traduction de P.A. Nicolas, agriculteur en Tunisie, in : Lettres d’Humanité, Les Belles Lettres, Paris, t. VII, 1948, p. 122-126. On trouve d’autres traductions sur Internet, par exemple sur [http://fr.wikisource.org/wiki/Auteur:Virgile Wikisource] ou à partir de [http://fr.wikipedia.org/wiki/Géorgiques Wikipedia].<br />
<br />
<br />
{{Bas de page Mots agronomie}}</div>Pierre Morlonhttps://mots-agronomie.inrae.fr/index.php/Jean_Roger-EstradeJean Roger-Estrade2024-03-16T14:26:19Z<p>Pierre Morlon : /* Sélection de publications */</p>
<hr />
<div>{{Infobox sémantique personne<br />
|Affiliation= AgroParisTech<br />
|Affiliation 2= INRAe<br />
|Ville=Palaiseau<br />
|Pays=France<br />
|Spécialité 1=Agronomie<br />
|Spécialité 2=<br />
|Spécialité 3=<br />
|Département = Département SIAFEE (Sciences et Ingénierie Agronomiques, Forestières de l’Eau et de l’Environnement)<br />
|Unité = Unité Mixte de Recherche en Agronomie<br />
|Situation =<br />
}}<br />
{{Mots agronomie bibliographie}}<br />
[[Catégorie:Auteur]] <br />
{{DEFAULTSORT: Roger-Estrade,Jean }}<br />
__NOTOC__<br />
<br />
==Parcours==<br />
Professeur d’Agronomie à AgroParisTech, mon enseignement porte sur l'ensemble des champs de la discipline [[Agronome, agronomie : étymologie|agronomie]] en début de cursus ingénieur. <br />
<br />
Ma recherche et l’enseignement plus spécialisé en troisième année ingénieur et en master deuxième année, traitent de l’impact de [[Système de culture|systèmes de culture]] sur l’évolution de l’état des sols dans ses différentes composantes (physique, chimique et biologique).<br />
<br />
==Sélection de publications==<br />
===Livres===<br />
* Doré T., Le Bail M., Martin Ph., Ney B., Roger-Estrade J., coord., 2006. ''L’agronomie aujourd’hui''. (Préface de M.Sebillotte). Quae, Versailles, 384 p.<br />
* Labreuche J., LaurentF., Roger-Estrade J., coord. 2014. ''Faut-il travailler le sol ? Acquis et innovations pour une agriculture durable''. Quae, Versailles, 192 p.<br />
* Daouze J.P., Roger-Estrade J., 2020. ''Gestion du sol et Machinisme ; décider d’une stratégie, choisir les outils''. 2<sup>e</sup> édition. Éditions La France Agricole, 150 p.. <br />
<br />
<br />
===Articles et chapitres d’ouvrage===<br />
* Capowiez Y., Cadoux S.; Bouchand P., Ruy S., Roger-Estrade J., Richard G., Boizard H., 2009. The effect of tillage type and cropping system on earthworm communities, macroporosity and water infiltration. ''Soil & Tillage Research'', 105 (2), 209-216.<br />
* Boizard H., Yoon S.W., Léonard J., Lheureux S., Cousin I., Roger-Estrade J., Richard G., 2013. Using a morphological approach to evaluate the effect of traffic and weather conditions on the structure of a loamy soil in reduced tillage. ''Soil & Tillage Research'', 127, 34–44. [Doi: 10.1016/j.still.2012.04.007. Texte intégral]<br />
* Soane B.D., Ball B.B., Arvidsson J., Basch G., Moreno F., Roger-Estrade J., 2012. No-till in Northern and Southern Europe: opportunities and problems for crop production and the environment. ''Soil & Tillage Research'', 118, 66-87. <br />
* Therond O., Duru M., Roger-Estrade J., Richard G., 2017. A new analytical framework of farming system and agriculture model diversities: a review. ''Agronomy for Sustainable Development'', 37, 37-21. [https://hal.science/hal-01607390v1/document Texte intégral].<br />
<br />
==Liens externes==</div>Pierre Morlonhttps://mots-agronomie.inrae.fr/index.php/Profil_cultural_-_Annexe_8Profil cultural - Annexe 82024-03-16T14:22:00Z<p>Pierre Morlon : Mise en ligne annexe</p>
<hr />
<div>{{Note de haut de page<br />
|titre 1=Date de mise en ligne<br />
|note 1=<center>16 mars 2024</center><br />
}}<br />
{{Retour article<br />
|article=Profil cultural<br />
}}<br />
=Extrait de la préface de Michel Sebillotte dans ''L'agronomie aujourd'hui'' (2006)=<br />
__NOTOC__<br />
<br />
==L’observation== <br />
Sous différentes formes, l’observation est commune aux trois métiers de l’agronomie. Il faut donc apprendre aux étudiants à voir et à exploiter ce qu’ils voient. La pratique du terrain est à privilégier dans ce domaine. Aussi, je regrette que le temps qui lui est consacré dans les instituts de formation de nombreux pays diminue sous la pression de différentes contraintes (emploi du temps, spécialisation de plus en plus précoce, ambiance dominée par la modélisation quantitative, étude de cas sur documents…).<br />
<br />
Les étudiants doivent « parcourir » des parcelles, les voir évoluer au fil du temps, comparer les cultures de la même espèce végétale en différents lieux. Comment comprendre autrement les rôles respectifs du temps et du climat sur une culture, par exemple ? C’est sur le terrain que l’on mesure la difficulté du test des théories des modèles en agronomie, parce que l’on y perçoit physiquement, et c’est irremplaçable, la complexité des objets étudiés ! Bien conduite, l’étude des hétérogénéités des surfaces dans une parcelle permet d’illustrer auprès des étudiants les étapes du raisonnement, pour aboutir à la formulation d’hypothèses ou à un diagnostic… C’est aussi le moyen de les préparer à l’action, en leur faisant toucher du doigt ce qui relève des certitudes et ce qui procède de l’hypothèse. Il leur est ainsi loisible de comprendre ce qu’est un raisonnement plausible (Polya, 1965), et que toute décision comporte un risque – qu’il s’agisse de décider d’une intervention culturale ou de bâtir un protocole expérimental. Les enseignants, qui forment surtout de futurs non-chercheurs, doivent en effet apprendre à ces derniers comment utiliser les expériences, par exemple celles des agriculteurs qui adoptent des innovations. Cela exige des dispositifs spécifiques d’enquête-action (Sebillotte, 1975 ).<br />
<br />
Ainsi l’observation de terrain s’associe automatiquement à un travail mental de confrontation de ce qui est observé à un savoir préexistant (la théorie), et de préparation d’une action à venir. C’est donc l’un des moyens pour l’agronome de forger les référentiels qui forment et structurent son expérience et de tester par l’action le bien-fondé de ses explications. Ce dernier point est capital pour la formation : ce que l’on dit n’est pas gratuit, l’agronome engage son savoir dans l’action. L’observation du terrain a ainsi une valeur formatrice plus générale : elle apprend à détecter ce qui ne va pas dans une culture, les symptômes d’une anomalie dans un tableau de chiffres, sur un diagramme… L’agronome se forme ainsi à pourchasser les hypothèses ad hoc, si couramment employées pour étayer des affirmations lorsque le réel semble ne pas se conformer à l’explication ! <br />
<br />
'''Références citées'''<br/><br />
* POLYA : Comment poser et résoudre un problème, 2e éd., 1965, Paris, DUNOD.<br />
* SEBILLOTTE M. 1975. "Les systèmes de cultures". Notes pour le premier cours de l'unité de valeur. "Les grands systèmes de cultures". I.N.A. PARIS. 16 p<br />
<br />
==Référence==<br />
Sebillotte M., 2006. préface. ''In'' : T. Doré, M. Le Bail, P. Martin, B. Ney, J. Roger-Estrade, coord., ''L’agronomie aujourd’hui''. Quae, Versailles : 1-21.<br />
<br />
{{Bas de page Mots agronomie}}</div>Pierre Morlonhttps://mots-agronomie.inrae.fr/index.php/Profil_cultural_-_Annexe_7Profil cultural - Annexe 72024-03-16T14:21:01Z<p>Pierre Morlon : Mise en ligne annexe</p>
<hr />
<div>{{Note de haut de page<br />
|titre 1=Date de mise en ligne<br />
|note 1=<center>16 mars 2024</center><br />
}}<br />
{{Retour article<br />
|article=Profil cultural<br />
}}<br />
=Exemple de fiche d’observation du profil cultural (Gautronneau et Manichon, 1987)=<br />
__NOTOC__<br />
<br />
[[File:MotsAgro_Profil cultural_Annexe 7_1.jpg|800px|thumb|center|<center>''''''</center>]]<br />
<br />
{{Bas de page Mots agronomie}}</div>Pierre Morlonhttps://mots-agronomie.inrae.fr/index.php/Profil_cultural_-_Annexe_6Profil cultural - Annexe 62024-03-16T14:19:09Z<p>Pierre Morlon : Date mise en ligne</p>
<hr />
<div>{{Note de haut de page<br />
|titre 1=Date de mise en ligne<br />
|note 1=<center>16 mars 2024</center><br />
}}<br />
{{Retour article<br />
|article=Profil cultural<br />
}}<br />
=Les critères de description de la structure du sol dans la méthode du profil cultural=<br />
__NOTOC__<br />
<br />
==Dans le ''Guide méthodique du profil cultural'' (Gautronneau et Manichon, 1987)==<br />
Deux groupes de critères sont utilisés. <br />
<br />
Le premier groupe porte sur l’état de porosité des mottes. Trois types d’état interne des mottes sont identifiés (figure 1).<br />
<br />
[[File: MotsAgro_Profil cultural_Annexe 6_1.jpg|500px|thumb|center|<center>'''Figure 1. L’état interne des mottes'''</center>]]<br />
<br />
Le second groupe de critères porte sur l’organisation des éléments structuraux (figures 2 et 3). Deux types de critères sont utilisés : <br />
* La façon dont les éléments structuraux sont agrégés (F comme « fragmentaires », SF comme « soudés facilement discernables », SD comme « soudés difficilement discernable » et M comme « massif ») ; <br />
* Une appréciation plus globale de l’organisation des états structuraux : o (comme « ouvert ») correspond à un état très fragmenté avec la présence de terre fine, de petits agrégats et de mottes ; b (comme « bloc ») à la présence de mottes décimétriques séparées par des cavités structurales plus ou moins importantes et c (comme « continu ») un état massif sans discontinuités structurales. <br />
<br />
[[File: MotsAgro_Profil cultural_Annexe 6_2.jpg|500px|thumb|center|<center>'''Figure 2. Le mode d’assemblage des mottes et l’organisation des états structuraux (1)'''</center>]]<br />
[[File: MotsAgro_Profil cultural_Annexe 6_3.jpg|500px|thumb|center|<center>'''Figure 3. Le mode d’assemblage des mottes et l’organisation des états structuraux (2)'''</center>]]<br />
<br />
<br />
==Dans la méthode renouvelée (Boizard ''et al.'', 2017)==<br />
L’objectif a été l’adaptation de la méthode aux systèmes sans labour et/ou sans travail du sol.<br />
=== Le mode d’assemblage des mottes et l’organisation des états structuraux=== <br />
Le mode d’assemblage des mottes n’est pas modifié par rapport à la méthode originale, mais l’appréciation globale de l’organisation des états structuraux : o, b et c, est privilégiée dans le regroupement des critères.<br />
===La description des types de porosité : l’état interne des mottes===<br />
Les états internes des mottes (&Phi;, &Delta; et &Gamma;) sont les mêmes. Un état interne a été ajouté, la structure lamellaire, souvent observée dans les horizons non travaillés au sommet des zones tassées. Il s’agit du type P (comme platy en anglais). <br />
<br />
[[File: MotsAgro_Profil cultural_Annexe 6_4.jpg|600px|thumb|center|<center>'''Figure 4. Les différents types de porosité observés au sein des mottes'''</center>]]<br />
<br />
<br />
===Description de l’activité biologique par un critère supplémentaire===<br />
Les macropores d’origine biologique (lombriciens, termites, racines…) ont un rôle particulièrement important dans le fonctionnement du système sol / plante en non travail du sol. Pour mieux prendre compte les actions de l’activité biologique sur la structure, un critère complémentaire a été introduit, précisant la présence de macropores tubulaires d’origine biologique ou de traces de bioturbation.<br />
<br />
[[File: MotsAgro_Profil cultural_Annexe 6_5.jpg|600px|thumb|center|<center>'''Figure 5. Les critères biologiques b1 et b2 observés pour différents types de porosité''</center>]]<br />
<br />
{{Bas de page Mots agronomie}}</div>Pierre Morlonhttps://mots-agronomie.inrae.fr/index.php/Profil_cultural_-_Annexe_5Profil cultural - Annexe 52024-03-16T14:18:28Z<p>Pierre Morlon : Mise en ligne annexe</p>
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|titre 1=Date de mise en ligne<br />
|note 1=<center>16 mars 2024</center><br />
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{{Retour article<br />
|article=Profil cultural<br />
}}<br />
= Importance des états du profil cultural dans le fonctionnement de l’agrosystème=<br />
__NOTOC__<br />
<br />
<br />
L’état [[Structure du sol|structural]] est la première caractéristique que l’on décrit dans un profil, en raison de l’importance qu’il revêt dans le fonctionnement de l’[[Agrosystème, agroécosystème|agrosystème]]. Il conditionne la [[germination]] et la [[levée]] des [[cultures]], puis la croissance et le fonctionnement des racines. Il joue également un rôle particulièrement important dans le [[cycle de l’eau]] et des éléments qui y sont dissous : la structure des premiers centimètres de [[sol]] détermine le partage des eaux entre infiltration et ruissellement (donc les risques d’[[érosion]] et de contamination des eaux de surface) et celle des horizons sous-jacents conditionne la répartition de l’eau dans le sol et son transfert vers les racines ou en profondeur. Les couches de sol [[Travail du sol|travaillées]] sont par ailleurs le siège de très nombreux échanges qui régissent l’évolution de la composition chimique de la solution du sol, qui détermine la qualité de l’[[alimentation minérale]] du peuplement végétal, mais également, lorsqu’il y a [[drainage]] en profondeur, les risques de [[pollution]] diffuse par les [[nitrate]]s ou les [[pesticide]]s. <br />
<br />
L’état structural joue sur l’activité biologique : les organismes vivant dans le sol sont sensibles aux régimes thermique et hydrique ainsi que l’aération de ce dernier, régimes eux-mêmes conditionnés en partie par l’état structural. En retour, certains organismes agissent sur la structure et son évolution : agrégation, aération ou bioturbation du sol. <br />
<br />
Enfin, la croissance et le développement des communautés d’[[adventice]]s dépendent pour une part de la structure du sol.<br />
<br />
Mais d’autres caractéristiques sont également à considérer, dans une démarche de [[diagnostic ]]sur l’état du profil : ainsi l’examen de l’état de la [[matière organique]] (visible à l’œil) révèle les conditions dans lesquelles se déroule sa décomposition ou permet éventuellement de détecter des obstacles à l’enracinement ou de juger de la qualité de son enfouissement par la [[Charrue, historique et fonction|charrue]]. L’observation des racines (aspect, profondeur, état sanitaire), quand elles sont présentes, peut aussi révéler des problèmes. Enfin l’observation de l’activité biologique visible à l’œil (en fait essentiellement celle des [[vers de terre]]) soit directement (comptage, identification des espèces) soit à travers leurs traces (galeries, turricules) donne une indication sur l’intensité de l’activité biologique. L’observation de la présence d’autres familles de [[Faune du sol|macrofaune]] (carabes, myriapodes…), prédateurs supérieurs de la vie du sol met en valeur la biodiversité du sol (bon fonctionnent de la chaîne alimentaire du sol, avec présence de tous les compartiments de la vie, des plus petites formes (bactéries, champignons…) jusqu’aux prédateurs visibles). Le repérage de traces d’[[hydromorphie]] est pertinent pour diagnostiquer des problèmes de circulation d’eau, d’engorgement. <br />
<br />
<br />
{{Bas de page Mots agronomie}}</div>Pierre Morlonhttps://mots-agronomie.inrae.fr/index.php/Profil_cultural_-_Annexe_4Profil cultural - Annexe 42024-03-16T14:17:23Z<p>Pierre Morlon : Mise en ligne annexe</p>
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<div>{{Note de haut de page<br />
|titre 1=Date de mise en ligne<br />
|note 1=<center>16 mars 2024</center><br />
}}<br />
{{Retour article<br />
|article=Profil cultural<br />
}}<br />
= Le profil cultural. Une perspective nouvelle pour l'analyse du travail du sol (Manichon, 1990)=<br />
__NOTOC__<br />
<br />
<br />
L’étude des systèmes de culture (Sebillotte, 1978, 1990), de leurs performances techniques et économiques, de leurs effets à court et à long terme sur l’agrosystème, de leurs conséquences environnementales, constitue une partie essentielle de l’agronomie.<br />
<br />
La démarche la plus ancienne (et encore la plus répandue) consiste à étudier des corrélations (ou fonctions de production) entre techniques culturales et rendements des cultures. On attend de la répétition (dans le temps et l’espace) de la comparaison des rendements, obtenus selon différentes modalités d’une technique culturale, l’établissement de relations stables, suffisamment générales pour être extrapolables et utilisables comme références.<br />
<br />
Pour le travail du sol, l'échec de cette attitude est particulièrement net (Hawkins, 1967 ; Sebillotte, 1975 ; Wingate-Hill, 1978), sauf pour des cas extrêmes.<br />
<br />
On est donc conduit à adopter une autre attitude qui consiste à :<br />
* mieux définir les variables explicatives : sans examen direct du milieu, ce sont des effets supposés (et non vérifiés) de l’outil que l’on met en relation avec le peuplement végétal ;<br />
* étudier des variables moins distantes, grâce à l’introduction d’une variable intermédiaire « état du sol » dans l’étude des relations travail du sol-rendement des cultures.<br />
Cette voie nouvelle a été ouverte en 1960 par S. Hénin et ses collaborateurs, R. Gras, G. Monnier et A. Féodoroff, du Laboratoire des techniques culturales de l’Inra à Versailles, quand ils ont inventé le concept de « profil cultural ». Ils ont ainsi permis un renouvellement des démarches en agronomie, et tout particulièrement pour l’analyse du travail du sol. Nous nous proposons de retracer ici brièvement l’évolution de l’utilisation de ce concept, et les perspectives qu’il offre aujourd’hui.<br />
<br />
<br />
==Naissance du concept de profil cultural : son utilisation pour le diagnostic au champ==<br />
L’histoire de l’agronomie est intimement liée à celle de l’agriculture. Ainsi, la première moitié du XX<sup>e</sup> siècle a été marquée par le développement de la fertilisation minérale et les progrès des analyses de laboratoire pour le diagnostic sur les composantes chimiques de la fertilité. Citons, comme manifestations éminentes des travaux réalisés à cette époque, les synthèses réalisées par Demolon (1952). A partir de 1950, de nouveaux systèmes de culture, motorisés, se généralisent en France et en Europe. Avec eux apparaissent des problèmes d’une autre nature, révélant la nécessité d’évaluer non seulement les quantités d’éléments nutritifs présentes dans le sol, mais aussi leurs conditions de prélèvement par les cultures ; un diagnostic sur les effets du travail du sol s’impose alors, impliquant la caractérisation et l’étude du fonctionnement du système constitué par « la succession des couches de terre, individualisées par l’intervention des instruments de culture, des racines de végétaux et des facteurs naturels réagissant à ces actions » (Hénin ''et al.'', 1960).<br />
<br />
L’utilisation de ce concept nécessite l’élaboration d’une méthode dont le principe est proche de la démarche du médecin généraliste : détection de symptômes par observation et « auscultation » du sol, élaboration d’une synthèse (syndrome), formulation d’un diagnostic. La nécessité d’une grande rigueur dans l’analyse est affirmée : observation indépendante des différents caractères, nécessité de rendre objective leur appréciation.<br />
<br />
Pour l’état structural, les bases d’une description systématique des différents horizons du profil s’inspirent, en les simplifiant, des approches morphologiques d’origine pédologique. Mais ce n’est pas cet aspect de la méthode qui a, essentiellement, été retenu par ses utilisateurs, peut-être parce qu’à l’usage il a paru difficilement praticable dans les horizons travaillés.<br />
<br />
Dans la pratique qui s’instaure et compte tenu des faibles connaissances théoriques d’alors en agronomie (notamment en agrophysiologie), c’est plus la recherche de symptômes défavorables aux cultures (ou supposés tels), que l’examen méthodique, qui ressort. II en résulte un certain manque de crédibilité scientifique de la méthode, qui est surtout pratiquée avec profit par quelques experts proches du développement agricole dont E. Dalleine et P. Chazal : le « profil cultural » n’est pas devenu un véritable « outil de recherche », comparable dans son usage aux analyses de laboratoire. Ceci est renforcé par le fait qu’il concerne des états du sol très fugaces (contrairement aux analyses pédologiques), dont la caractérisation ne peut guère être contrôlée par d’autres observateurs qui retourneraient sur le même terrain, après que l’agriculteur ait continué ses travaux culturaux ! Certaines déviances ou abus d’observateurs mal avertis ne renforcent pas le statut scientifique de la méthode, jugée trop subjective.<br />
<br />
Il nous a été donné de rencontrer, sous différentes latitudes, plusieurs de ces « experts » au discours brillant, énonçant des conclusions définitives valables pour plusieurs hectares, après avoir dégagé à la pointe du couteau quelques centimètres cubes de terre. Reconnaissons cependant que ces discours avaient une grande force de conviction et ont été malgré tout utiles. Ils ont contribué à ce que les agriculteurs découvrent que les moyens mécaniques de plus en plus puissants dont ils disposaient pour travailler le sol ne garantissaient pas, par leur seule existence, l’obtention de résultats satisfaisants.<br />
<br />
<br />
==Le « nouveau » profil cultural==<br />
N’oublions pas que S. Hénin, au début des années 60, c’est-à-dire au moment de la parution de la première édition du « Profil cultural », était professeur d’agriculture à l’Institut national agronomique. Il illustrait ses cours par des projections de diapositives issues de ses nombreuses tournées sur le terrain et les commentait brillamment, ses anciens élèves s’en souviennent. II voulait, ce faisant, montrer la diversité et la complexité du réel, et la nécessité d’y confronter le discours théorique. Cet enseignement était complété par un stage sur le terrain, comportant une observation du sol.<br />
<br />
Dès le milieu des années 60, M. Sebillotte, successeur de S. Hénin à la chaire d’agriculture de l’INA, voulut renforcer la formation des étudiants à l’observation, à l’analyse et à la synthèse. Il fit pour cela de la méthode du profil cultural un outil pédagogique privilégié, dont la valeur formatrice dépasse largement l’objet considéré.<br />
<br />
Il voulut aussi en faire un outil de recherche en l’introduisant comme variable explicative dans des protocoles d’expérimentations et d’enquêtes (Manichon et Sebillotte 1973, par exemple). Plusieurs autres équipes de chercheurs introduisaient le concept de profil cultural dans leurs démarches : citons, par exemple, Gras ''et al''. (1971), pour l’étude de la betterave à sucre en Picardie, Charreau et Nicou (1971), en Afrique tropicale.<br />
<br />
C’est surtout l’expérience accumulée par M. Sebillotte et l’équipe d'enseignants-chercheurs qui l’entourait qui permit un renouvellement de la démarche.<br />
<br />
Cette expérience, tout en confirmant la validité des principes théoriques de départ énoncés par S. Hénin, révélait l’insuffisance des modalités de caractérisation de l’état structural proposées à l’origine, pour rendre compte de la variabilité des situations rencontrées et les comprendre.<br />
<br />
Plusieurs tentatives avaient eu lieu pour rendre plus opérationnelles les procédures d’examen du profil cultural, notamment dans le cadre des essais multilocaux de travail du sol de l’Institut technique des céréales et des fourrages, lancés par S. Hénin, sans que l’on ait pu aboutir à des résultats satisfaisants (Manichon et Bodet, 1976). La poursuite des réflexions nous a amené à adopter une attitude clairement déterministe.<br />
* D’abord, pour la définition des critères de caractérisation de l’état des horizons anthropiques : l’état du profil cultural observé à un moment donné appartient à une histoire, au cours de laquelle sont intervenus deux groupes d’agents externes (les outils, les agents naturels), qu’il convient de distinguer pour obtenir un diagnostic. Ceci passe par la définition de deux niveaux d'organisation structurale (Manichon, 1982) : l’état interne des mottes (fig. 1) et leur mode d’assemblage (fig. 2). Les modalités de passage d’un état à l’autre, à chaque niveau d’organisation, ont été pour partie élucidées.<br />
* Ensuite, pour la manière d’appliquer ces critères à l’objet complexe qu’est un profil cultural : à chaque opération culturale, le volume de sol n’est que partiellement affecté par les actions mécaniques (compactages, fragmentations), ce qui conduit à définir une double stratification (Manichon, 1987, 1988 ; Manichon et Roger-Estrade, 1990). Les intersections de limites horizontales et verticales (fig. 3) définissent des compartiments ayant subi des actions mécaniques définies.<br />
<br />
[[File: MotsAgro_Profil cultural_Annexe 4_1.jpg|650px|thumb|center|<center>''' Figure l. L'état interne des mottes (Gautronneau et Manichon, 1987)<br />
'''</center>]]<br />
<br />
Cette double stratification, qui fournit une « géographie » des horizons anthropiques, se révèle efficace :<br />
* comme moyen d’analyse et de diagnostic de l’origine de l’état observé (confrontation à l’histoire culturale), en utilisant les critères morphologiques définis ci-dessus ;<br />
* comme plan de sondage pour le choix des emplacements et des volumes de sol sur lesquels on pratique des mesures physiques (Papy, 1986).<br />
* comme grille d'analyse de la répartition spatiale du système racinaire : l’établissement de cartes des impacts des racines sur des plans verticaux et horizontaux, dont la localisation est choisie en fonction de la stratification, permet de calculer des fonctions de distribution des distances entre racines (Tardieu et Manichon, 1986 ; Tardieu 1987, 1988) ; ces fonctions de distribution rendent mieux compte de la fonction puits pour l’eau que le critère habituel de distance moyenne entre racines, dès lors que la répartition spatiale de celles-ci est variable ; on a aussi pu montrer que les conséquences d’un état donné de la couche labourée sur l’enracinement pouvaient s’étendre au-delà de celle-ci (« effet d'ombre » des obstacles).<br />
<br />
[[File: MotsAgro_Profil cultural_Annexe 4_2.jpg|450px|thumb|center|<center></center>]]<br />
<br />
[[File: MotsAgro_Profil cultural_Annexe 4_3.jpg|550px|thumb|center|<center>''' Figure 3. Double stratification du profil cultural.'''</center>]]<br />
<br />
==Conclusion==<br />
Deux principaux obstacles limitaient l’utilisation de la méthode du profil cultural : <br />
* les critères de caractérisation de l’état structural proposés à l’origine : inspirés de ceux de la pédologie, ils étaient utilisés dans les horizons travaillés en dehors de leur domaine de validité, les facteurs d’évolution du sol n’étant pas les mêmes ; il n’est pas interdit de penser que l’identification, dans une deuxième étape, d’une démarche spécifique à l’agronomie pour l’étude du sol in situ ait pu contribuer à une meilleure compréhension entre ces deux disciplines ;<br />
* la variabilité spatiale de l’état des horizons travaillés à des échelles décimétriques et métriques, rendant inopérantes les observations effectuées à l’aide de descripteurs « moyens » de ces horizons.<br />
<br />
Dans ces deux cas, une attitude déterministe, dont la mise en forme doit beaucoup à G. Monnier, a permis de surmonter les difficultés, et de proposer un système de description plus adapté. Une publication - à l’usage des étudiants, des agents du développement agricole et des chercheurs - a été réalisée sur la forme d'un « Guide méthodique du profil cultural » (Gautronneau et Manichon, 1987).<br />
Cette méthode reste qualitative, elle nécessite un apprentissage sérieux. Nous avons pu en montrer la pertinence dans plusieurs cas (Manichon et Roger-Estrade, 1990 ; Coulomb et al, 1990), autant pour détecter les causes de la variabilité des profils culturaux entre parcelles (interactions entre le milieu et les itinéraires techniques) que pour apporter des éléments de compréhension aux performances des cultures. Mais il n’est pas exclu que cette nouvelle méthode de description, typiquement axée sur le diagnostic cultural au champ, entraîne des utilisations déviantes : la rigueur dans l’observation comme dans l’interprétation des faits reste une obligation essentielle.<br />
<br />
Outre son utilisation en diagnostic, la méthode que nous avons évoquée offre de nouvelles possibilités. Il s’agit :<br />
* au laboratoire, de pouvoir travailler sur des constituants de la structure bien identifiés (mottes de calibres et d’états internes définis) pour en étudier les propriétés physiques et mécaniques (travaux en cours de J. Guerif, F. de Léon et P. Stengel à la Station de science du sol de l’Inra, Montfavet) ; ceci doit permettre l’établissement de relations plus efficaces entre les échelles de travail du laboratoire et du terrain ;<br />
* sur le terrain, de pouvoir définir et créer des grands types d’états des profils, constituant les « traitements » des expérimentations ; nous avons évoqué les travaux de F. Tardieu sur l’enracinement, d’autres recherches sont en cours (I. Coulomb, J. Caneill, J. Roger-Estrade au Laboratoire d’agronomie de l’Inra/Ina, à Grignon) et portent sur la modélisation des états du profil et leur évolution sous l’action des outils.<br />
<br />
Cela implique un perfectionnement des modalités de caractérisation des profils, qui, tout en restant basées sur les principes exposés précédemment, puissent fournir des informations précises (calibre, nombre et disposition spatiale des constituants de la structure) sans accroître le temps passé sur le terrain : une procédure comportant la prise de photos stéréographiques et l’analyse informatisée des images est en cours de mise au point à Grignon.<br />
<br />
Ainsi, la méthode du profil cultural devient un véritable outil de recherche en agronomie, comme l’atteste le lancement par l’Inra en 1989 d’une ATP (Action thématique Programmée) « Travail du sol », qui sert de support aux travaux évoqués ci-dessus, et associe l’Inra, l’Ina et l’ITCF.<br />
Dans la forme, dans les procédures, on semble s’être fortement éloigné des bases du profil cultural. Sur le fond, il n’en est rien, ou presque ; les idées énoncées par S. Hénin dès 1960 sont toujours actuelles. Que l’on en juge par ces citations tirées de l’introduction de l’ouvrage (Hénin et al., 1960) :<br />
*– « On peut ... essayer de définir l’état physique du sol. Mais ... on se heurte à de nombreuses difficultés – la plus fondamentale de toutes est liée à l’hétérogénéité du milieu (qui) elle-même constitue un des éléments de la description du milieu ». Ceci n’annonçait-il pas la double stratification du profil à laquelle nous avons fait allusion ?<br />
*– « Ces faits conduisent non seulement à considérer l’état physique actuel du milieu mais encore à essayer de prévoir ou comprendre son histoire ». Comment, après avoir lu cette phrase, ne pas adopter une attitude déterministe pour le choix des critères de description de l’état structural ?<br />
<br />
Une seule conclusion s’impose : il a fallu près de 30 années pour comprendre la pensée du Maître et, peut-être, la rendre accessible à un plus grand nombre. Nous souhaitons que, sous des formes nécessairement renouvelées, elle puisse maintenant imprégner davantage la communauté scientifique internationale.<br />
<br />
<br />
<center>Bibliographie</center><br />
*Charreau C, Nicou R., 1971. ''L’amélioration du profil cultural dans les sols sableux et sablo-argileux de la zone tropicale sèche ouest-africaine et ses incidences agronomiques''. Paris, IRAT, 254 p. (Bulletin agronomique n° 23).<br />
*Coulomb I, Manichon H., Roger-Estrade J., 1990. Évolution de l’état structural sous l’action des systèmes de culture. ''In'' : J. Boiffin, A. Marin-Laflèche, eds., ''La structure du sol et son évolution''. Paris, Inra, p. 137-155 (Les Colloques de l’Inra n° 53).<br />
*Demolon A., 1952. ''La dynamique du sol''. Paris, Dunod.<br />
*Gautronneau Y., Manichon H., 1987. ''Guide méthodique du profil cultural''. Lyon, CEREF-GEARA.<br />
*Gras R., Osty P.L., Deffontaines J.P., Marin-Laflèche A., 1971. Contribution à l’étude de la culture de la betterave à sucre sur des sols légers du Laonnois et de la Champagne de l’Aisne. ''Ann. Agron.'', 22 (5) : 537-584.<br />
*Hawkins J.C, 1967. Systems of mechanization for agriculture in developing semi-arid countries. ''J. Proc. Int. Agric. Eng.'', 23 (2) : 9-53.<br />
*Hénin S., Féodoroff A., Gras R., Monnier G., 1960. ''Le profil cultural. Principes de physique du sol''. Paris, SEIA, 320 p.<br />
*Hénin S., Gras R., Monnier G., 1969. ''Le profil cultural. L’état physique du sol et ses conséquences agronomiques''. Paris, Masson, 322 p.<br />
*Manichon H, 1982. ''Influence des systèmes de culture sur le profil cultural : élaboration d’une méthode de diagnostic basée sur l'observation morphologique''. Thèse docteur-ingénieur, INA-PG.<br />
*Manichon H., 1987. Observation morphologique de l’état structural et mise en évidence d’effets de compactage des horizons travaillés. ''In'' : G. Monnier, M.J. Goss, eds., ''Soil compaction and régénération''. Rotterdam, Balkema, p. 39-52.<br />
*Manichon H., 1988. Compactage, décompactage du sol et systèmes de culture. ''C.R. Acad. Agric. Fr.'', 74 (1): 43-54.<br />
*Manichon H., Bodet J.M., 1976. Caractérisation des profils culturaux. ''In'' : ''Simplification du travail du sol en culture céréalière''. Paris, ITCF.<br />
*Manichon H., Roger-Estrade J., 1990. Caractérisation de l’état structural et étude de son évolution à court et moyen terme sous l’action des systèmes de culture. ''In'' : L. Combe, D. Picard, eds., ''Les systèmes de culture''. Paris, Inra, p. 27-55.<br />
*Manichon H., Sebillotte M., 1973. ''Étude de la monoculture du maïs en Béarn''. Paris, INA-PG (doc. multigr.)<br />
*Papy F., 1986. Effet de l’état structural d’une couche labourée sur sa rétention en eau. ''Agronomie'', 6 (6) : 57-66.<br />
*Sebillotte M., 1975. Comment aborder et suivre l’introduction dans un système de culture de nouveaux procédés de travail du sol. ''Bull. Tech. Inf.'', 302-303 : 555-667 (numéro spécial : ''Procédés nouveaux de travail du sol'').<br />
*Sebillotte M, 1978. Itinéraires techniques et évolution de la pensée agronomique. ''C.R. Acad. Agric. Fr.'', 64 (11) : 906-914.<br />
*Sebillotte M., 1990. Système de culture, un concept opératoire pour les agronomes. ''In'' : L. Combe, D. Picard, eds., ''Les systèmes de culture''. Paris, Inra, p. 165-196.<br />
*Tardieu F., 1987. Caractérisation en tant que capteur d’eau de l’enracinement du maïs en parcelle cultivée. III Disponibilité des réserves en eau du sol. ''Agronomie'', 7 : 279-288.<br />
*Tardieu F., 1988. Analysis of spatial variability of maize root density. II. Distances between roots. ''Plant Soil'', 107: 259-266.<br />
*Tardieu F., Manichon H., 1986. Caractérisation en tant que capteur d’eau de l’enracinement du maïs en parcelle cultivée. II. Une méthode d’étude de la répartition verticale et horizontale des racines. ''Agronomie'', 6 : 415-425.<br />
*Tardieu F., Manichon H., 1987. État structural, enracinement et alimentation hydrique du maïs I. Modélisation d’états structuraux types de la couche labourée. ''Agronomie'', 7 : 123-131.<br />
*Wingate-Hill R., 1978. Tillage requirements for cereal crop production, and their relationships to the development of new tillage machinery. ''In'': W.W. Emerson et al., eds., ''Modification of soil structure''. Chichester, J. Wiley and Sons.<br />
<br />
<br />
==Référence==<br />
Manichon H., 1990. Le profil cultural. Une perspective nouvelle pour l’analyse du travail du sol. ''In'' : ''Mélanges offerts à Stéphane Hénin. Sol-Agronomie-Environnement''. Orstom, Paris : 75-82. [https://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/divers07/38518.pdf Texte intégral] sur le site de l’IRD.<br />
<br />
<br />
{{Bas de page Mots agronomie}}</div>Pierre Morlonhttps://mots-agronomie.inrae.fr/index.php/Profil_cultural_-_Annexe_3Profil cultural - Annexe 32024-03-16T14:16:23Z<p>Pierre Morlon : Mise en ligne annexe</p>
<hr />
<div>{{Note de haut de page<br />
|titre 1=Date de mise en ligne<br />
|note 1=<center>16 mars 2024</center><br />
}}<br />
{{Retour article<br />
|article=Profil cultural<br />
}}<br />
=''Le profil cultural. Principes de physique du sol'' (Hénin ''et al.'', 1960) : Introduction=<br />
__NOTOC__<br />
<br />
La fertilité des sols dépend de tout un ensemble de facteurs, les uns d’ordre physique, les autres de nature chimique. C’est là un fait bien connu, mais dont les conséquences pratiques ont été insuffisamment développées. Ceci est aisément explicable, si l’on considère la réaction des plantes aux apports d’éléments fertilisants. Dans un ouvrage récent, H. RICHARD (1959) a donné les résultats d’une longue série d’expériences concernant les accroissements de récolte obtenus par application d’engrais. En voici quelques exemples :<br />
{|class="wikitable" style="width:80%" align="center"<br />
|<br />
|<center>Rendement de la parcelle témoin<br />
|<center>Rendement de la parcelle ayant reçu la fumure la plus efficace<br />
|<center>Pluviométrie annuelle (mm)<br />
|-<br />
|rowspan="6"|<center>Blé (qx/ha)<br />
|<center>15<br />
|<center>31<br />
|<center>677<br />
|-<br />
|<center>15,5<br />
|<center>24<br />
|<center>832<br />
|-<br />
|<center>18,5<br />
|<center>25<br />
|<center>517<br />
|-<br />
|<center>22,5<br />
|<center>33,5<br />
|<center>517<br />
|-<br />
|<center>23<br />
|<center>36,5<br />
|<center>800<br />
|-<br />
|<center>66,5<br />
|<center>75<br />
|<center>700<br />
|-<br />
|rowspan="4"|<center>Betterave (t/ha)<br />
|<center>12,5<br />
|<center>18,8<br />
|<center>592<br />
|-<br />
|<center>19<br />
|<center>28<br />
|<center>818<br />
|-<br />
|<center>29<br />
|<center>35,5<br />
|<center>700<br />
|-<br />
|<center>38<br />
|<center>42,7<br />
|<center>811</center><br />
|}<br />
<br />
On constate que l'application de la fumure minérale optima a augmenté les rendements dans tous les cas. Mais nous retiendrons aussi de ce tableau les grandes différences qui apparaissent entre les valeurs plafonds, c’est-à-dire celles obtenues avec la fumure reconnue la plus efficace. On peut, certes, imaginer que cette valeur plafond est fonction d’actions chimiques autres que celles directement liées à N, P, K : oligoéléments par exemple, ou des différences de conditions climatiques, en particulier de pluviométrie. Toutefois, il apparaît que si elles peuvent jouer un rôle important, ces variations chimiques et climatiques sont insuffisantes pour expliquer à elles seules des différences de rendement pouvant aller du simple au quintuple. On peut donc supposer, et de nombreuses observations viennent à l’appui de cette hypothèse, que les propriétés physiques du sol interviennent dans l’explication de ces différences. D’ailleurs, A. DEMOLON et S. HENIN (1954) résumant une note sur la place des facteurs physiques dans le syndrome caractérisant un sol au point de vue de sa capacité de production, ont été conduits à énoncer le principe suivant : « La capacité de production d’un sol ''dépend de son profil'', mais elle n’atteint son maximum que si le niveau de ''tous les facteurs nutritifs'' a été correctement ajusté, ''en fonction de sa constitution'' et des besoins de la culture ».<br />
<br />
Quand il s’agit de l’eau, intervenant par excès ou par défaut, il n’est pas difficile de mettre son action en évidence, du moins dans les cas extrêmes. Mais dans d'autres circonstances, la recherche des facteurs physiques est extrêmement difficile. Toutefois, les praticiens avertis et les agronomes ont généralement une idée très claire de cette influence et cherchent à amener ces facteurs à l’état optimum par de bonnes méthodes culturales.<br />
<br />
Il reste toutefois à définir celles-ci et c’est là où l’on se heurte à des difficultés qui paraissent parfois insurmontables. Envisagées par le praticien, les bonnes techniques sont définies par les opérations effectuées pour bien préparer la terre. Elles visent aussi bien la rotation que les façons culturales, la fumure et le choix des variétés que les soins à donner aux cultures et, quand il s’agit de plantes pérennes, le mode d’exploitation. Or, si ces opérations ont bien pour objet de modifier l’état du sol ou le rythme de croissance des végétaux, il est rare qu’elles ne mettent en cause que le facteur intéressé ; de toute façon, il existe entre les différents facteurs une telle interaction que chacune de ces opérations modifie profondément le milieu. Prenons un exemple simple : quand on fait varier la profondeur du labour, on fait presque inévitablement varier la dislocation de la bande de terre et son inclinaison, ainsi que nous le verrons par la suite. Ainsi, si l’approfondissement du labour modifie bien l'épaisseur de terre remuée, il modifie aussi l’état de cette terre, le mélange de la matière organique et du sol, ainsi que la distribution des éléments fertilisants. On voit donc que l’action exercée sur le sol par les différentes opérations culturales est extrêmement complexe et que la définition de leurs caractéristiques ne donne que des informations assez vagues sur les transformations qu’a subi le milieu.<br />
<br />
On peut, au contraire, essayer de définir l’état physique du sol. Mais là encore, on se heurte à de nombreuses difficultés. La plus fondamentale de toutes est liée à l’hétérogénéité du milieu. Pour qu’une mesure soit valable et qu’elle ait par elle-même un sens, il faut qu’elle caractérise globalement l’objet sur lequel porte la mesure. Or, pour des raisons techniques, la dimension des prélèvements qu’on est amené à faire est de l’ordre de grandeur de l’hétérogénéité. En second lieu, cette hétérogénéité elle-même constitue un des éléments de la description du milieu. Considérons, par exemple, une terre motteuse : on a de toute évidence deux systèmes de porosité, l’un qui intéresse les mottes, l’autre qui concerne les fissures ou les espaces qui séparent les mottes elles-mêmes. Comme les prélèvements de terre en place que l’on doit faire sont de l'ordre de grandeur de la taille des mottes, on pourra, en prélevant un volume donné, recueillir un nombre de mottes variable, ce qui modifie évidemment le résultat global et ce dernier concernera aussi bien l’état des mottes que l’état des fissures.<br />
<br />
Il arrive, d’autre part, que l’on se trouve en présence d’un système d’hétérogénéité qui soit caractéristique de l’état du sol. Par exemple les différentes façons culturales : labour, pseudo-labour, hersage, roulage affectent des épaisseurs de terre différentes ; on se trouve ainsi en présence d’une série de couches qui ont chacune leurs propriétés caractéristiques, mais l’association de leurs différents effets donne également une résultante globale intéressant aussi bien le comportement physique de l’ensemble du profil que le comportement des racines.<br />
<br />
Enfin, quand on mesure une propriété susceptible d’influencer la croissance des végétaux, on suppose que celle-ci va intervenir sur la récolte de la même façon qu’un facteur d’un phénomène physique modifie l’allure de ce phénomène. Or, les exigences des végétaux sont variables en fonction de leur croissance et par conséquent l’état du milieu à un moment donné n’a pas du tout la même influence sur le résultat final que l’état du même milieu à une autre phase de la croissance. Voici deux exemples qui illustreront ces affirmations :<br />
<br />
Ayant effectué une étude sur l’influence de la profondeur du plan d’eau sur le développement des végétaux à Versailles, BURGEVIN et HENIN (1943) ont pu constater, particulièrement en année sèche, que la croissance de la végétation était d’abord maxima là où le plan d’eau était le plus élevé, puis à mesure que les plantes se développaient on obtenait la meilleure croissance pour des plans d’eau de plus en plus bas. MATHIEU (1932) avait fait une observation analogue concernant la succion de l’eau, qui devait être moins grande pour les jeunes plantes que pour les plantes plus développées.<br />
<br />
Dans une autre expérience ayant pour objet de montrer l’influence du tassement sur le développement des végétaux (HÉNIN, 1943), des séries de pots avaient été remplis de quantités variables de terre plus ou moins tassée. Puis, pour contrôler l’humidité, un plan d’eau avait été maintenu à la base des pots. Le développement du blé a, dans une première phase, montré que dans ces conditions de forte humidité le développement est d’autant meilleur que la terre était moins tassée. Accidentellement, l’alimentation de l’eau dans une partie des pots renfermant la terre la plus tassée s’est trouvée interrompue. Cet accident est survenu juste au début d’une période de sécheresse. On a pu constater alors un départ extrêmement rapide de la végétation, les plantes émettant tardivement de nouveaux talles et à la récolte c’est là qu’on a obtenu la plus grande quantité de matière végétale, qu’il s’agisse de grain ou de paille. .Au contraire, dans les autres séries de pots, l’ordre était resté ce qu’il était au départ. Ainsi, il a suffit d’une baisse relativement légère de la teneur en eau pour inverser complètement le résultat de l’expérience.<br />
<br />
Ces faits conduisent donc, non seulement à considérer l’état physique actuel du milieu, mais encore à essayer de prévoir ou de comprendre son histoire. Pour ces différentes raisons, la mesure physique seule paraît insuffisante, si elle n’est pas située dans une perspective globale permettant de caractériser l’ensemble du milieu. Aussi est-on amené à rechercher des méthodes qualitatives pour essayer de caractériser l’état du sol, ceci n’exclut pas d’ailleurs l’intervention de la mesure.<br />
<br />
Quelques auteurs se sont déjà orientés dans cette voie et parmi eux il convient de citer GÖBBING (1947) et SEKEBA (1951). Leur souci a été de caractériser le sol par une certaine description. Grâce à l’expérience qu’ils avaient acquise, ils ont connu un grand succès auprès des praticiens. Toutefois, ils n’ont pas fait école et ceci peut être attribué d’abord au fait que dans l’état actuel de la science, une méthode qualitative paraît aux yeux de beaucoup inférieure à une méthode quantitative, même imprécise. D’autre part nous pensons que ces tentatives ont tourné court sur le plan de la méthode elle-même. En effet, si les observations qui ont été publiées sont exactes en elles-mêmes, elles ont été généralisées probablement trop vite. En outre, les auteurs n’ont pas cherché à rendre leurs méthodes d’examen systématiques, c’est-à-dire plus objectives. Enfin, ils les ont présentées comme une fin en soi paraissant exclusives de tout autre procédé. '<br />
<br />
Nous pensons au contraire, et notre expérience nous a encouragés dans ce sens, qu’une méthode qualitative peut être rendue systématique, comme c’est le cas pour la description des profils en pédologie. Comme en pédologie, il convient également de préciser les observations effectuées par des tests et par des mesures afin d’en dégager des conclusions aussi objectives que possible.<br />
<br />
Plus récemment, une équipe hollandaise animée par le Professeur PEEBLKAMP (1958) s’est également engagée dans cette voie, tout en paraissant s’orienter dans le sens de l’application immédiate, en cherchant à apprécier l’état du milieu par une méthode visuelle. Voici pour caractériser la position de ces chercheurs le résumé d’une communication présentée par le Professeur PEERLKAMP lui-même au symposium sur la structure qui s’est tenu à Gand en 1958 : « La structure du sol, en tant que facteur physique de fertilité, requiert une caractérisation qualitative. La notion de structure du sol étant plutôt complexe, celle-ci ne peut être déterminée que par un groupe de différents paramètres. En outre, l’état structural au champ est horizontalement très hétérogène, ce qui explique le grand nombre de déterminations par parcelle nécessaires à l’évaluation de l’état de la structure. Ce qui plus est, le nombre de parcelles à étudier peut augmenter fortement lorsqu'il s’avère impossible d’aménager des parcelles expérimentales, comme c’est souvent le cas pour les sols peu argileux. Par conséquent les méthodes d’évaluation de la structure doivent être simples et rapides pour la pratique et adaptables au travail de routine ».<br />
<br />
On voit que les préoccupations de ce chercheur s’apparentent aux nôtres, avec toutefois cette différence qu’il ne paraît pas avoir le souci de tirer tout le parti possible de l’examen qualitatif en préparant une analyse du milieu. Or, l’objet de cet ouvrage consiste à décrire une méthode de diagnostic et à indiquer la façon dont on peut l’utiliser.<br />
<br />
Le diagnostic exige les opérations suivantes : le groupement et la systématisation d’un certain nombre de caractères ou de faits, qui constituent les symptômes. Chaque symptôme traduit l’influence d’un facteur, cette influence se manifestant par un caractère propre. La comparaison d’une série de symptômes permet donc, si elle conduit à des conclusions convergentes, l’établissement d’un syndrome, c’est-à-dire l’ensemble des caractères typiques d’un état. Et cette dernière synthèse permet d’assurer la valeur du diagnostic tout en permettant l’explication de la situation observée.<br />
<br />
Parmi ces symptômes il en est de visuels, qui peuvent être appréciés directement sur le terrain, et qui sont parfois si typiques qu’ils entraînent immédiatement une conclusion ; d’autres sont moins évidents et nécessitent une confirmation que l’on demande aux méthodes analytiques.<br />
<br />
D’autre part, cette attitude se justifie pour des raisons d’un autre ordre. Les physiciens qui se sont intéressés au sol, reprochant aux concepts utilisés par les praticiens leur caractère imprécis : structure, ameublissement, ont voulu les remplacer par une énumération des propriétés physiques qu’ils commandent. Au même symposium de Gand divers auteurs comme SCHUFELEN (1958), FOUNTAINE (1958), DON KIRKHAM (1958) ont présenté le problème sous cet aspect au cours de leur communication ou de leur intervention. Mais c’est là faire bon marché des interactions possibles entre ces différents facteurs. En fait, lorsqu’on se trouve en présence d’états très complexes, caractérisés par des facteurs dont la définition est imprécise, le simple jeu des combinaisons montre que, si l’on peut apprécier à 3 ou 4 niveaux près chacun des facteurs, on arrive à un nombre de cas si nombreux qu’ils dépassent de beaucoup les possibilités d’appréciation, même par des mesures relativement précises. Or, en faisant cette première analyse, on ne tient pas encore compte des interactions. Au contraire, les méthodes de diagnostic ont pour objet de mettre en évidence les facteurs déterminants, c’est-à-dire ceux qui, leur niveau étant nettement en dessous de la normale, commandent l’allure générale du phénomène.<br />
<br />
En définitive, nous nous proposons de définir une méthode d’examen de l’état du sol affecté par les méthodes de culture ou exploité par les racines des plantes cultivées ; l’ensemble caractéristique de cette couche de sol constitue ce que nous appellerons le profil cultural. Sa description implique l’étude de l’état physique et celle de l’état chimique. Toutefois, il n’st pas nécessaire que l’on détermine l’ensemble de ces facteurs et c’st souvent une impossibilité pratique, si l’on veut examiner un nombre de points suffisamment grand pour avoir une idée générale du terrain.<br />
<br />
Cet examen une fois terminé, on s’efforcera d’expliquer l'état du sol en se reportant aux conditions de culture. Cet examen doit permettre de modifier celles-ci, si le profil cultural présente des caractéristiques défavorables précisées par l’état de la végétation.<br />
<br />
Il s’agit donc de rendre plus systématiques les opérations de préparation du sol, de préciser de nouveaux sujets d’étude afin de rendre l’agriculture plus rationnelle. C’est un projet évidemment très ambitieux et il est évident qu’il faudra travailler pendant longtemps encore avant d’établir une symptomatologie suffisamment précise et surtout de la voir rattachée d’une manière sûre à des méthodes de traitement. Toutefois, nous avons été encouragés dans cette tentative par les premiers résultats obtenus et aussi par les questions posées par les praticiens, qui sont parfois désorientés quand ils se trouvent dans l’obligation de modifier leurs méthodes traditionnelles.<br />
<br />
<br />
<br />
<center>BIBLIOGRAPHIE</center><br />
*BURGEVIN H., HÉNIN S., 1958. Influence de la profondeur du plan d’eau sur le développement des plantes. ''Ann. Agro.'', t. 13, 3, pp. 288-295.<br />
*DEMOLON A., HÉNIN S, 1954. Place des facteurs physiques dans Ie syndrome caractérisant un sol au point de vue de sa capacité de production. ''C. R. Acad. Sc.'', t. 238, pp. 1635-1638.<br />
*FOUNTAINES E. R., 1958. The physical requirements of plants as criteria for soil structure. ''Proc. Int. Symp. Soil Structure'', Gand, pp. 30-35.<br />
*GÖRBING J., 1947. ''Die Grundlagen der Gare im praktische Ackerbau''. Landbuch Verlag. Hanovre, 2 vol.<br />
*HÉNIN S., 1943. Influence de la porosité et de la teneur en air du sol sur le développement du blé de printemps. ''C. R. Acad. Agric.'', séance du 7/7.<br />
*Don KIRKHAM, 1958. Discussion and conclusions. ''Proc. Int. Symp. Soil Structure'', Gand, pp. 422-434.<br />
*MATHIEU G., 1932. ''Contribution à l’étude de quelques rapports entre l’eau, le sol et la plante. Étude d’un procédé d’alimentation souterraine de plantes en eau''. Thèse. Clermont-Ferrand.<br />
*PEERLKAMP P. K., 1958. A visual method of soil structure evaluation. ''Proc. Int. Symp. Soil Structure'', Gand, pp. 216-221.<br />
*RICHARD H., 1959. ''Productivité de la terre. Fertilisation et rentabilité''. Flammarion, Paris, 1 vol., 335 p.<br />
*SCHUFFELEN A. C., 1958. Discussions and conclusions. ''Proc. Int. Symp. Soil Structure'', Gand, pp. 422-434.<br />
*SEKERA F., 1951. ''Gesunder und kranker Boden''. Parey. Berlin, 89 p.<br />
<br />
<br />
==Référence==<br />
Hénin S., Féodoroff A., Gras R., Monnier G., 1960. ''Le profil cultural. Principes de physique du sol''. Société d’Édition des Ingénieurs Agricoles, Paris, 320 p.<br />
<br />
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|titre 1=Date de mise en ligne<br />
|note 1=<center>16 mars 2024</center><br />
}}<br />
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|article=Profil cultural<br />
}}<br />
=Aperçu sur les origines du concept de profil cultural=<br />
__NOTOC__<br />
<br />
D’un point de vue historique, [[A pour personne citée dans les annexes::Stéphane Hénin|Hénin]] ''et al''. dans ''Le profil cultural'' citent trois auteurs comme ayant une démarche globale analogue. Johannes Goerbing (1947), allemand, pharmacien d’origine, s’est ensuite consacré au conseil agricole et à la recherche [[Pédologie|pédologique]]. Il est l’initiateur d’une méthode qualitative et multifactorielle (physique et biologique) pour évaluer la couche [[Des labours|labourée]] sur des blocs extraits du [[sol]] avec une [[bêche]]. Franz Sekera (1951), pédologue autrichien, qui a eu des projets scientifiques en commun avec Goerbing, diffuse la méthode avec ses compétences sur les états biologiques. Enfin P.K. Peerlkamp (1959), pédologue néerlandais, propose environ dix ans plus tard et dans le même esprit une méthode bêche en quantifiant les diverses appréciations [[Structure du sol|structurales]] (il s’agit de notes qui se combinent). Il y a bien dans ces travaux des convergences d’objectifs avec le Profil cultural dont la première parution date de 1960. En revanche, la stratégie d’[[échantillon]]nage pour réaliser les observations n’est pas la même. <br />
<br />
La parenté conceptuelle la plus proche est le concept plus ancien de profil pédologique (créé vers 1875 par Dokouchaev, cité par Boulaine 1980), qui partage avec le profil cultural le souci de s’intéresser à la genèse des états du sol sur des horizons certes différents, mais qui offrent des analyses complémentaires. Pour extrapoler leurs résultats, les pédologues font des sondages à la tarière pour évaluer la succession des matériaux, ce qui détruit la structure, ce qui n’est pas envisageable dans une méthode comme le profil cultural (sauf pour des prélèvements pour analyses ultérieures). <br />
<br />
On peut trouver bien sûr des liens avec des travaux plus anciens consacrés à l’étude des sols. Des auteurs grecs, romains et andalous se sont préoccupés de la description des sols, mais le plus souvent par leurs effets plutôt que leurs caractéristiques propres. La notion d’horizon n’est pas formulée, les [[Travail du sol|travaux des sols]] sont à l’époque très superficiels et les zones [[Tassement|tassées]] sont très circonscrites. Il faut noter cependant la formulation d’un test pour classer les [[terre]]s chez les auteurs latins (cités par [[A pour personne citée dans les annexes::Olivier de Serres|Olivier de Serres]]). Il s’agit de creuser une fosse dont la taille n’est pas précisée et remettre ensuite la terre extraite dans cette fosse. En fonction du niveau obtenu par rapport à la surface, les terres sont qualifiées de bonnes ou mauvaises. Il faut sans doute invoquer un effet [[Texture|textural]], le foisonnement de la terre extraite est plus important dans les terres [[argile]]uses qui sont alors qualifiées de meilleures.<br />
<br />
Feller et Blanchard (2004) s’intéressent aux travaux de quatre auteurs du 16<sup>e</sup> au 18<sup>e</sup> siècles, précurseurs de techniques de prospection pédologique : [[A pour personne citée dans les annexes::Bernard Palissy | Palissy]] (1563) est le premier à utiliser la tarière pour sonder les sols, [[A pour personne citée dans les annexes::Georges-Louis Leclerc de Buffon|Buffon]] (1819) décrit de manière détaillée les sols avec notamment l’analyse des concrétions. [[A pour personne citée dans les annexes:: Albrecht Thaër|Thaer]] (1811) inventorie les différents types de sol au sein des [[Champ, pièce, parcelle|parcelles]] et les cartographie, Darwin (1881) propose des schémas détaillés de profils pédologiques et pédo-archéologiques. Pendant cette période, deux autres auteurs méritent d’être cités avec des approches plus agronomiques : Olivier de Serres avec l’émergence d’une caractérisation objective, mais avec des moyens limités (Caneill, 2020). [[A pour personne citée dans les annexes:: Christophe-Joseph-Alexandre Mathieu de Dombasle |Mathieu de Dombasle]] (fondateur du premier établissement agricole, l’Institut de Roville, en Lorraine) propose et enseigne sur le [[terrain]] une démarche de « clinique agricole » (Mathieu de Dombasle, 1828) qui invite par son caractère méthodique à faire une analogie avec le profil cultural (Knittel, 2009). Notons que les observations qu’il mobilise concernent pour l’essentiel les états structuraux de surface, sauf pour l’évaluation d’un labour récent où les objets caractérisés sont les bandes retournées.<br />
En définitive le sol a toujours donné lieu à des approches sur ses caractéristiques permanentes et sur leur évolution. Dans les zones travaillées, les premières observations ont concerné surtout la fragmentation, celle engendrée par les outils mais aussi par le climat. Il faut attendre l’essor de la mécanisation après la deuxième guerre mondiale pour que l’on s’intéresse au tassement. Le profil cultural et les autres méthodes d’appréciation structurales ont été formulées à cette époque avec outre l’objectif de caractérisation des états physiques, celui d’approcher les états biologiques. <br />
<br />
<br />
==Références citées==<br />
*Boulaine J. ,1980. ''Pédologie appliquée''. Masson, Paris, 220 p.<br />
*Buffon G-L.L. de, 1819. ''Œuvres complètes de Buffon'', mises en ordre par M. le Comte de Lacépède, 2<sup>de</sup> éd., 30 vol, Paris.<br />
*Caneill J., 2020. L’œuvre d’Olivier de Serres : les prémices d’une agronomie qui n’a pas encore de nom. ''Agronomie, Environnement et Sociétés'', 10-2 : 1-12. [https://agronomie.asso.fr/fileadmin/user_upload/revue_aes/aes_vol10_n2_dec2020/pdf/aes_vol10_n2_03_caneill.pdf Texte intégral] sur le site de la revue.<br />
*Darwin C., 1881. ''The formation of vegetable mould through the action of worms with some observations on their habits''. Murray, London, 298 p. <br />
*Mathieu de Dombasle C. J. A., 1824-1837. ''Annales Agricoles de Roville'', 9 tomes. '<br />
*Feller C., Blanchart E., 2004. Quatre grands savants ont observé des profils et/ou décrit des techniques de prospection pédologiques avant 1850 : Palissy, Buffon, Thaer et Darwin. ''Étude et Gestion des Sols'', 11 (2) : 165-173.<br />
*Goerbing, J., 1947. ''Die Grundlagen der Gare im praktischen Ackerbau''. Landbuch Verlag, Hanovre, 1 vol.<br />
*Knittel F., 2009. ''Agronomie et innovation. Le cas Mathieu de Dombasle (1777-1843)''. Nancy, Presses Universitaires de Nancy.'<br />
*Palissy B., 1880. ''Œuvres complètes''. Avec une notice historique et bibliographique et une table analytique par Anatole France. Paris, P. Charavay Fres., 499 p.<br />
*Peerlkamp, P.K., 1959. A visual method of soil structure evaluation. ''Meded. v.d.Landbouwhogeschool en Opzoekingsstations van de Staat te Gent'', 24: 216–221.<br />
*Sekera, F., 1951. ''Gesunder und kranker Boden''. Parey, Berlin, 90 p.<br />
* de Serres O, 1600. ''Le Théâtre d'agriculture et Mesnage des champs, dans lequel est représenté tout ce qui est requis et nécessaire pour bien dresser, gouverner, enrichir et embellir, la Maison Rustique''. Thesaurus, Actes Sud, 1996, 1545 p. <br />
*Thaer A., 1811. ''Principes raisonnés d'agriculture''. Traduit de l'Allemand par E.V.B. Crud. JJ. Prechoud, Paris.<br />
<br />
<br />
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= Des Usages du Profil Cultural dans le Développement Agricole=<br />
__NOTOC__<br />
<br />
<br />
Les [[Agronome, agronomie : étymologie|agronomes]] ont valorisé le concept et l’outil que constitue le profil cultural avec plusieurs finalités : <br />
* outil de dialogue avec l’agriculteur et de [[diagnostic]]-aide à la décision dans la mise en pratique de la démarche clinique, en individuel ou en groupe, mais aussi outil d’évaluation des [[potentialités]] ; <br />
* outil de base intégré dans les diagnostics et travaux de recherche de [[Référence, référentiel|références]] régionaux. <br />
<br />
==Le profil cultural, outil central de la démarche clinique en agronomie==<br />
'''Au cours de la décennie 1970-80''', l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture (APCA) organise une formation, « le cycle de perfectionnement à l’agronomie » (Dürr ''et al'', 1979) conçue et enseignée par la chaire d’agronomie de l’INA-PG à l’attention de conseillers spécialisés qui valorisent alors le profil cultural (méthode de [[A pour personne citée dans les annexes::Stéphane Hénin|Hénin]] ''et al.'', 1960) lors des visites d’essais sur le terrain et à l’occasion des démonstrations relatives aux outils de [[travail du sol]] en synergie avec les conseillers en machinisme. Le profil cultural constitue un outil de dialogue au [[Champ, pièce, parcelle|champ]], particulièrement pédagogique pour sensibiliser les agriculteurs à la dimension systémique de l’agronomie.<br />
<br />
Avec la création du concept d’[[itinéraire technique]] et des schémas d’[[Élaboration et composantes du rendement|analyse du rendement]] des cultures, les conseillers disposent progressivement de ressources pour mettre en pratique la démarche clinique en interaction avec les agriculteurs afin de mieux faire face à la diversité des situations culturales et à leur singularité : le profil cultural devient un outil de diagnostic et d’aide à la décision. Toutefois dans les structures du développement, en lieu et place de la démarche clinique en agronomie, ce sont les prescriptions phytotechniques qui prédominent largement et orientent la conduite des [[culture]]s vers une standardisation des itinéraires techniques (Kockmann & Pouzet, 2022). <br />
<br />
'''En contre-point de ce constat''', plusieurs Chambres d’Agriculture adhèrent au Comité « Potentialités » initié en 1988 par l’État et l’APCA avec l’appui de l’INRA et créent des dispositifs régionaux d’accompagnement du pilotage des cultures sur des bases renouvelées, intégrant la diversité des potentialités des [[Milieu naturel|milieux]] et des fonctionnements des exploitations : la pratique du profil cultural (méthode Gautronneau & Manichon, 1987) devient alors centrale pour [[Raison, rationnel & Cie : mots piégés !|raisonner]] les itinéraires techniques mais aussi pour évaluer les potentialités (Chambres d’agriculture, 1996). Les agronomes impliqués investissent dans la caractérisation de la diversité régionale des [[terrain]]s : le profil cultural est alors l’outil choisi pour évaluer le potentiel agronomique d’une parcelle en focalisant les observations sur les critères intrinsèques du milieu, au niveau des différents horizons pédologiques ([[texture]], [[hydromorphie]], traces d’activité de la [[faune du sol|faune]] en particulier des [[vers de terre]], profondeur et densité d’enracinement des plantes). En Lorraine, une stratification régionale des sols a été réalisée avec l’identification de profils-types : des sondages à la tarière associés à des observations de surface permettent ensuite aux praticiens de situer rapidement leurs parcelles (Limaux, 1996). <br />
<br />
'''En adoptant une posture d’accompagnement''', l’agronome cherche à éclairer les choix de l’agriculteur, qui détermine lui-même l’orientation des [[système de culture|systèmes de culture]] qu’il entend explorer. Au demeurant, durant la période récente, ce sont les agriculteurs qui sont à l’origine d’innovations avec les [[techniques culturales simplifiées]], les [[semis sous-couvert permanent]] ou encore la pratique du ''strip-till'' avec l’[[Agriculture de conservation|agriculture dite de conservation]] des sols : là encore, le profil cultural, en intégrant ses évolutions méthodologiques (Boizard ''et al.'', 2017) reste un outil irremplaçable de diagnostic et de discussion entre praticiens. Par ailleurs, avec la recherche de [[pratique]]s [[Agroécologie|agroécologiques]], un autre sujet préoccupant les agriculteurs est aujourd’hui l’observation du sol sous l’angle des indicateurs de sa biodiversité.<br />
<br />
==Le profil cultural, outil de base intégré dans les diagnostics et travaux de recherche de références régionaux==<br />
La Relance agronomique (1983-2001) (Sebillotte, 1982) constitue un fait marquant dans le Développement Agricole : <br />
* le cycle de formation offre aux agronomes l’opportunité d’acquérir les outils de la démarche clinique, en particulier la méthode du profil cultural, profondément renouvelée par les travaux de Manichon (1982) et de découvrir la diversité des modalités d’acquisition des références, avec notamment l’[[enquête agronomique]] ; <br />
* un second axe concerne la mission confiée alors aux Chambres Régionales d’Agriculture : construire des programmes régionaux cohérents et élaborer des références agronomiques au niveau régional. La dynamique ainsi impulsée est à l’origine de différents travaux où le profil cultural, objet d’un réel investissement pédagogique avec le Guide Méthodique (Gautronneau & Manichon, 1987), a joué un rôle central en prenant deux orientations majeures : <br />
<br />
===La formalisation de diagnostics régionaux et/ou [[Territoire|territoriaux]]=== <br />
Indispensable pour identifier les problèmes agronomiques et les hiérarchiser, le diagnostic régional ou territorial constitue un préalable à la recherche de références.<br />
<br />
C’est ainsi qu’un diagnostic finalisé sur le travail du sol pour le [[maïs]] en élevages laitiers a reposé sur l’observation de profils culturaux des différentes parcelles de la sole en maïs, recouvrant ainsi la diversité des terrains sur un échantillon d’exploitations représentatif de leur diversité de fonctionnement (Capillon ''et al.'', 1988). <br />
<br />
C’est aussi le cas des enjeux de préservation des ressources en eau qui ont conduit à la mise en place du dispositif FERTI-Mieux (1991-2002), concrétisé par 51 opérations locales. Pour chacune, un prérequis : poser un diagnostic agronomique finalisé sur l’identification et la hiérarchisation des situations à risque par rapport à l’estimation des flux de perte en [[azote]] alimentant les nappes phréatiques. A l’échelle des bassins versants, la connaissance des sols est primordiale : là encore le profil cultural est essentiel pour raisonner la [[nutrition]] azotée mais aussi les travaux du sol et, plus récemment, la gestion des [[intercultures]].<br />
<br />
===La recherche de références au niveau régional===<br />
Une valorisation historique du profil cultural a été la construction de référentiels sur le travail du sol, résultant de l’expertise croisée entre agronomes et spécialistes du machinisme ; ils caractérisent à l’échelle nationale, pour les grandes catégories de situations [[pédoclimatique]]s, les modalités de préparation des sols pour la culture du maïs en fonction des [[précédent]]s culturaux et des types de sols : accidents, risques à éviter, profils à rechercher (Dalleine ''et al.'', 1971).<br />
<br />
L’enrichissement de la méthode par Manichon a conforté cet usage du profil cultural pour bâtir des référentiels régionaux sur le travail du sol (Vinatier ''et al.'', 1988) mais aussi, plus largement, dans l’acquisition de références dans le cadre de dispositifs d’enquête et d’[[Expérience, expérimentation|expérimentation]] en [[grande culture]] pour évaluer les répercussions du [[chaulage]] en terrains [[limon]]eux hydromorphes, [[Drainage|drainés]] ou non (Fournet & Ortscheit, 1985) ou estimer les gains en [[Jours disponibles pour les travaux des champs|jours disponibles]] permis par le drainage (Guillot ''et al.'', 1995) ; de même, des travaux aussi en [[Vigne|viticulture]] (Coulouma ''et al.'', 2006). Dès lors que le profil cultural est mobilisé pour acquérir des références, il requiert une observation systématique et codifiée, afin de stocker et comparer les informations : c’est tout l’intérêt de la fiche d’observations ([[Profil cultural – Annexe 7|annexe 7]]).<br />
<br />
'''En relation avec la problématique de protection des ressources en eau''', mentionnons une opération locale FERTI-Mieux couplant expérimentation et modélisation sur un champ captant : <br />
* l’expérimentation repose sur un dispositif de 15 sites représentatifs des sols et des histoires culturales, équipés de bougies poreuses permettant de prélever l’eau sous les racines pour en mesurer les teneurs en nitrates, durant 5 campagnes ; chaque site fait l’objet d’un profil cultural avec, par horizon, outre l’évaluation de la texture, des mesures de [[densité apparente]] et des humidités caractéristiques ; <br />
* les observations et les mesures ont permis de calibrer le modèle agri-environnemental « Agri-flux », simulant l’écoulement de l’azote dans les sols. Ainsi validé dans le contexte climatique local, la [[Modèle, modélisation|modélisation]] donne les capacités d’extrapolation des résultats de l’expérimentation, de tester différentes stratégies de gestion des systèmes de culture pour chacun des types de sol et de bâtir ainsi une grille de risques indiquant les potentiels de perte en nitrate pour les différentes combinaisons « Systèmes de culture - sols » (Novak ''et al.'', 2006). <br />
<br />
'''Plus récemment, le test de systèmes de culture innovants''', visant à mieux répondre aux exigences de durabilité, mobilise également l’observation du profil cultural. L’objet est d’identifier les pratiques culturales et les itinéraires techniques les plus pertinents pour atteindre les objectifs assignés au système de culture, fixés en réponse aux enjeux identifiés dans le contexte pédoclimatique local. L’évaluation de l’état du profil cultural est ici intégrée à la compréhension des résultats concernant la composante biophysique du système de culture testé, en interaction avec l’ensemble des choix techniques faits : travail du sol bien sûr, mais aussi couverts végétaux en interculture, règles de gestion des [[chantier]]s,… Des observations sont alors faites en complément pour évaluer certains résultats attendus, par exemple l’activité biologique et ses conséquences sur la [[minéralisation]] de l’azote ou le volume exploitable par les racines. Cette approche est déclinée en [[grande culture]] (Bockstaller ''et al.'', soumis) et aussi pour l’évaluation des systèmes de conduite de vigne (Thiollet-Scholtus ''et al.'', 2019 ; Nassr ''et al.'', 2019).<br />
<br />
'''En forêt''', des outils de travail du sol sont parfois utilisés à l’occasion de travaux de replantation en conditions difficiles empêchant une régénération naturelle. Dans ces situations, une coopération entre agronomes et forestiers autour de la méthode du profil cultural a permis l’évaluation des bénéfices attendus ou des accidents de structure selon les outils et le contexte pédoclimatique (Collet ''et al.'', 2020 ; Vast ''et al.'', 2020).<br />
<br />
==Références citées==<br />
*Bockstaller C., Blatz A., Koller R., Slezack S., Schaub A., 2023. Sustainable alternative to irrigated maize monoculture in a maize-dominated cropped area : lessons learned from a system experiment. Soumis pour publication.<br />
*Boizard H., Peigné J., Sasal M. C., de Fátima Guimarães M., Piron D., Tomis, V, Vian J.-F., Cadoux S., Ralisch R., Tavares Filho J., Heddadj D., De Battista J., Duparque A., Franchini J.C., Roger-Estrade J., 2017. Developments in the “profil cultural” method for an improved assessment of soil structure under no-till. ''Soil & Tillage Research'', 173: 92-103.<br />
*Capillon A., Kockmann F., Fournet M.J., 1988. Diagnostic sur le travail du sol en Bresse Louhannaise, conditions d’extrapolation des références. ''Perspectives Agricoles'', 126 : 55-69.<br />
*Chambres d’agriculture, 1996. ''Les potentialités agricoles : méthodes d’études et domaines d’application. Chambres d’agriculture'', Supplément au N° 843, 48 p.. <br />
*Collet C., Vast F., Richter C., Koller R., 2020. Cultivation profile: a visual evaluation method of soil structure adapted to the analysis of the impacts of mechanical site preparation in forest plantations. ''Eur. J. Forest. Res.'', 140 : 65-76. [https://doi.org/10.1007/s10342-020-01315-2 Texte intégral] sur le site de la revue.<br />
*Coulouma G., Boizard H., Trotoux G., Lagacherie P., Richard G., 2006. Effect of deep tillage for vineyard establishment on soil structure: A case study in Southern France. ''Soil & Tillage Research'', 88 : 132–143. [https://doi.org/10.1016/j.still.2005.05.002 Texte intégral] sur le site de la revue.<br />
*Dalleine E., Récamier A., Sebillotte M., 1971. Travail du sol et culture de maïs. ''Bull. Tech. Inf.'', 264-265 : 889-920. <br />
*Dürr C., Manichon H., Sebillotte M., 1979. Cycle ''Pratique du conseil en agronomie'', session travail du sol, fiche n° 1, APCA, Paris, 11 p. + annexes. <br />
*Fournet M.J., Ortscheit D., 1985. ''Répercussions des amendements calcaires sur les limons battants en Bresse Chalonnaise''. Mémoire de fin d’études ISARA Lyon. 95 p.<br />
*Gautronneau Y., Manichon H. 1987. ''Guide méthodique du profil cultural.'' CEREF-ISARA/GEARA-INAPG. [http://profilcultural.isara.fr/index.php/profilcultural Texte intégral] sur le site de l’ISARA.<br />
*Guillot C., Moretty P., Bouillot JF., Lalanne E., Kockmann F., Papy F., 1995. ''Faut-il continuer à drainer ? Hydromorphie, jours disponibles et Organisation du travail en Bourgogne''. Chambres d’agriculture de Bourgogne et de Saône et Loire, 28 p. <br />
*Hénin S., Féodoroff A., Gras R., Monnier G., 1960. ''Le profil cultural. Principes de physique du sol''. Société d’Édition des Ingénieurs Agricoles, Paris, 320 p.<br />
*Kockmann F., Pouzet A., 2022. Contribution du système de développement agricole à la dynamique de l’agronomie. ''In'' : J. Boiffin, T. Doré, F. Kockmann, F. Papy, P. Prévost P., coord., ''La Fabrique de l’agronomie. De 1945 à nos jours. ''Quæ, Versailles : 363-408.<br />
*Limaux F., 1996. Du profil à la tarière. In : Les potentialités agricoles : méthodes d’études et domaines d’application. ''Chambres d’agriculture'', suppl. au N° 843 : 12-14.<br />
*Manichon H., 1982. ''Influence des systèmes de culture sur le profil cultural : élaboration d’une méthode de diagnostic basée sur l’observation morphologique''. Thèse INA-PG, Paris,<br />
*Nassr N., Langenfeld A., Benbrahim M., Delière L., Goutouly J.-P., Lafond D., Ley L., Koller R., Desmonts M.-H., Werner D., Thiollet-Scholtus M., 2019. SysVitSolVin - Impact de systèmes viticoles à faibles intrants sur la qualité des sols et la qualité sensorielle des productions. ''Innovations Agronomiques'', : 135-150.<br />
*Novak S., Villard A., Kockmann F., Banton O., 2006. Élaboration d’un outil d’aide à la décision pour limiter les pertes en nitrates. L’exemple des principaux sols et systèmes de culture du Val de Saône. ''Ingénieries E.A.T.'', 45 : 29-47. <br />
*Sebillotte M., 1982. La relance de l’agronomie : point de vue d’un agronome. In : Quelle relance pour l’agronomie ? ''Chambres d’agriculture'', supplément au n°688, APCA, 12-19. <br />
*Thiollet-Scholtus M., Muller A., Abidon C., Audema P., Bailly C., Chaumonno, S., Grignon J., Keichinger O., Klein C., Koller R., Langenfeld A., Ley L., Lemarquis G., Nassr N., Nibaudeau R., Rabolin-Meinrad C., Ribeiro S., Schneider C., Weissbart J., 2019. Performances multicritères de systèmes viticoles à réduction drastique d’intrants dans le vignoble alsacien (PEPSVI). ''Innovations Agronomiques'', 76 (1) : 219–236. [https://dx.doi.org/10.15454/mghrxl Texte intégral].<br />
*Vast F., Collet C., Koller R., Pousse N., Richte, C., 2020. Le profil cultural : une méthode d’observation pour analyser les impacts de la préparation mécanisée du site sur la structure du sol. RDT ONF 57–64. <br />
*Vinatier J.-M., Kockmann F., Fabre B., Gautronneau Y., Michaux F., 1988. ''Fertilité physique et travail du sol. Classeur à usage des techniciens''. Chambre régionale d’Agriculture Rhône-Alpes, 118 p.. <br />
<br />
{{Bas de page Mots agronomie}}</div>Pierre Morlonhttps://mots-agronomie.inrae.fr/index.php/Profil_culturalProfil cultural2024-03-16T14:13:07Z<p>Pierre Morlon : Appel complément</p>
<hr />
<div><big>'''''Auteurs'' : [[A pour auteur:: Hubert Boizard]], [[A pour auteur:: Jacques Caneill]], [[A pour auteur:: Olivier Chrétien]], [[A pour auteur:: Yvan Gautronneau]], [[A pour auteur:: François Kockmann]], [[A pour auteur:: Rémi Koller]], [[A pour auteur:: Joséphine Peigné]], [[A pour auteur:: Jean Roger-Estrade]], [[A pour auteur:: Vincent Tomis]] et [[A pour auteur:: Jean-François Vian]]'''</big><br />
{{Infobox article<br />
|Anglais=<br />
|Allemand=<br />
|Espagnol=<br />
|Complément 1=Pierre Morlon<br />
|Annexe 1=Des usages du Profil cultural dans le Développement agricole<br />
|Annexe 2=Aperçu sur les origines de la méthode<br />
|Annexe 3=Le profil cultural (Hénin ''et al.'', 1960) : Introduction.<br />
|Annexe 4=Le profil cultural : une perspective nouvelle pour l'analyse du travail du sol (Manichon, 1990)<br />
|Annexe 5= Importance des états du profil cultural dans le fonctionnement de l’agrosystème<br />
|Annexe 6= Les critères de description de la structure du sol dans la méthode du profil cultural<br />
|Annexe 7= Exemple de fiche d’observation du profil cultural (Gautronneau et Manichon, 1987)<br />
|Annexe 8= Extrait de la préface de Michel Sebillotte dans L’agronomie aujourd'hui, 2006. <br />
|Article 1= Travail du sol<br />
|Article 2= Système de culture<br />
|Article 3= L’eau dans le sol<br />
|Article 4= Enracinement<br />
|Article 5= Matière organique<br />
|Article 6= Structure du sol<br />
|Article 7= Texture<br />
|Article 8=<br />
|Date d'acceptation=11 mars 2024<br />
|Mise en ligne=16 mars 2024<br />
}}<br />
__NOTOC__<br />
<br />
==Définition==<br />
Le profil cultural a été défini en 1960 dans le livre ''Le profil cultural. Principes de physique du sol'' par [[A pour personne citée::Stéphane Hénin|Hénin]] et ses collaborateurs du Laboratoire des Techniques culturales de l’INRA : <br />
<center>'''« Il faut entendre par profil cultural l’ensemble constitué par la succession des couches de sol individualisées par l’intervention des instruments de culture, les racines des végétaux et les facteurs naturels réagissant à ces actions »'''</center>.<br />
'''Cet objet est décrit par la méthode du profil cultural, une coupe de [[terrain]] pratiquée au champ, afin d’observer :'''<br />
<br />
* '''les effets des opérations de [[travail du sol]] et du passage des roues des engins sur la [[structure du sol]] ;''' <br />
* '''l’[[enracinement]] des plantescultivées et les obstacles qui s’y opposent (caractéristiques pédologiques des horizons, pierres, zones [[tassement|tassées]], [[semelle de labour]]…) ;'''<br />
* '''la dynamique de l’eau dans le sol ([[hydromorphie]],…) ;'''<br />
* '''la [[faune du sol]] et la répartition de la [[matière organique]].'''<br />
<br />
Par conséquent, le profil cultural s’intéresse aux différents horizons de la [[terre arable]] (la limite supérieure est le [[lit de semences]] et/ou le [[mulch]] de surface) et aux horizons [[Pédologie|pédologiques]] sous-jacents (la limite inférieure est la profondeur maximale que les racines atteignent ou pourraient atteindre). Réalisé à l'échelle d'une station d'observation au sein d'une zone homogène, il détermine, en interaction avec les conditions [[climat|climatiques]] de l’[[année culturale]], les conditions dans lesquelles se déroulent le [[développement]] et la [[croissance]] des [[culture]]s et des communautés vivantes dans le [[Champ, pièce, parcelle|champ]] cultivé.<br />
<br />
==Observer le profil cultural, à quoi ça sert ?==<br />
« En associant ainsi des principes et un certain nombre de faits concrets qui en résultent, nous espérons permettre à nos lecteurs de raisonner l’application des techniques et non pas de les utiliser comme des recettes » (Hénin ''et al.'', 1969).<br />
<br />
La méthode (Boiffin ''et al.'', 2022 : 77-81) a été conçue de façon à pouvoir être utilisée par un grand nombre de techniciens en leur permettant d’interagir avec les agriculteurs mais aussi comme outil de recherche. Créée au départ pour des cultures annuelles, le profil cultural s’emploie aussi en cultures pérennes ([[prairie]]s, [[vigne|viticulture]], replantation forestière…). Il a différentes finalités, déclinées ci-après et remises en contexte dans l’[[Profil cultural - Annexe 1|annexe 1]] : <br />
<br />
<big>'''* Outil d’évaluation des potentialités agronomiques</big>''' <br />
L’objet est d’observer le volume de [[terre]] potentiellement exploitable par les racines. On identifie au niveau des horizons pédologiques les obstacles et les atouts au développement des racines en profondeur, liés aux caractéristiques intrinsèques du milieu et peu ou pas dépendants des actions culturales (Limaux, 1996). <br />
<br />
<big>'''* Outil de dialogue avec l’agriculteur</big>'''<br />
L’objet est de porter un [[diagnostic]] basé sur une observation rapide, orientée sur le repérage des accidents structuraux, afin de détecter des problèmes et d’engager un dialogue avec l’agriculteur. Le profil cultural est un bon outil pédagogique pour sensibiliser à la dimension systémique de l’[[agronome, agronomie : étymologie|agronomie]] ; pratiqué en groupe, il génère de riches partages d’[[expérience]]s (Kockmann ''et al''., 2019) <br />
<br />
<big>'''* Outil de diagnostic et d’aide à la décision</big>''' <br />
L’objet est de poser un diagnostic visant à éclairer les prises de décision de l’agriculteur et à améliorer ses [[pratique]]s. La démarche est focalisée sur l’observation des horizons de la terre arable et ceux sous-jacents, avec des modalités différentes selon que les décisions sont d’ordre :<br />
** tactique, en cours de campagne : un profil cultural rapide peut alors être pertinent pour décider d’une intervention de travail du sol (quel outil ? quel réglage ?) ou pour estimer la profondeur d’enracinement à prendre en compte pour [[Raison, rationnel et Cie : mots piégés !|raisonner]] un apport en [[azote]]. <br />
** stratégique pour raisonner les choix d’[[Itinéraire technique|itinéraires techniques]], notamment les modalités de travail du sol ([[des labours|labour]] versus [[non labour]] ; choix de la date des opérations de travail profond ; type d’opérations culturales à la reprise). Le profil cultural requiert alors une observation minutieuse et méthodique des états structuraux et de leur impact sur la [[levée]] et/ou l’enracinement en lien étroit avec l’agriculteur pour intégrer ses objectifs et les contraintes et atouts de son exploitation (Tardieu, 1988 ; Tomis ''et al.'', 2017).<br />
<br />
<big>'''* Outil d’expertise agronomique</big>''' <br />
Il s’agit d’établir un diagnostic à l’échelle parcellaire pour répondre à une question précise, par exemple comprendre pourquoi des plantes présentent un accident en cours de végétation dans une partie du champ : les conclusions du diagnostic peuvent être davantage étayées en comparant des zones de végétation contrastées.<br />
<br />
La méthode est aussi utilisée dans des expertises lors d’[[aménagement]]s perturbant temporairement des parcelles agricoles : enfouissement de canalisations ou de réseaux, aménagement de voies de transport. Il s’agit le plus souvent de réaliser un diagnostic avant travaux, puis d’évaluer les préjudices subis et les actions de remédiation à conduire (Suc ''et al.'', 2019). <br />
<br />
<big>'''* Outil d’acquisition de références</big>'''<br />
Une valorisation historique du profil cultural a été la construction de [[référence, référentiel|référentiels]] sur le travail du sol, résultant de l’expertise croisée entre agronomes et spécialistes du machinisme (Dalleine ''et al.'', 1971). Il a été utilisé dans le cadre de diagnostics régionaux prenant en considération la diversité des sols et leurs caractéristiques, pour identifier et hiérarchiser des problèmes agronomiques à l’échelle des [Système de culture|systèmes de culture]] : travail du sol en [[grande culture]] (Capillon ''et al.'', 1988) ou en viticulture (Lagacherie ''et al.'', 2006). <br />
<br />
Plus récemment, les tests de systèmes de culture innovants, visant à mieux répondre aux exigences de durabilité mobilisent l’observation du profil cultural, tant en grande culture (Bockstaller et al., soumis) qu’en vigne (Thiollet-Scholtus ''et al.'', 2019 ; Nassr ''et al.'', 2019).<br />
<br />
<big>'''* Outil de recherche : démarches de modélisation</big>''' <br />
En explorant les relations entre l’état structural et la dynamique de l’eau (Papy et al., 1986) et les conséquences pour le [[compacité, compaction, décompactage|décompactage]] (Papy & Maître, 1987), le profil cultural devient un outil de recherche. Ses critères de caractérisation sont employés dans des démarches de [[modélisation]] simulant les effets des itinéraires techniques en prenant en compte la variabilité spatiale et les évolutions des états structuraux au sein des compartiments, comme SIMULBLE (Aubry ''et al.'', 1990), puis ALOMYSIS et FLORSYS (Colbach ''et al.'', 2006, 2019), ce dernier étant récemment interfacé avec un modèle racinaire. Le modèle SISOL (Roger-Estrade ''et al.'', 2004) simule les états structuraux et leur évolution sur un plan de profil pixellisé. Il est surtout destiné à la recherche, avec le souci de quantifier les effets cumulatifs des actions de compactage et fragmentation dans le système de culture.<br />
<br />
<br />
==Le profil cultural dans l’histoire de l’agronomie== <br />
Au terme d’une exploration de la littérature (annexes [[Profil cultural - Annexe 2|2]], [[Profil cultural - Annexe 3|3]], [[Profil cultural - Annexe 4|4]]) le profil cultural apparaît comme une nouveauté radicale dans l’histoire de l’agronomie.<br />
<br />
===Avant le profil cultural, quoi ?===<br />
Les [[sol]]s ont fait l’objet d’approches fort anciennes : des auteurs grecs, romains et andalous se sont préoccupés de les décrire, mais le plus souvent par leurs effets plutôt que leurs caractéristiques propres. Du 16<sup>e</sup> au 18<sup>e</sup> siècle, plusieurs auteurs tels que [[A pour personne citée:: Bernard Palissy|Palissy]], [[A pour personne citée::Georges-Louis Leclerc de Buffon|Buffon]], [[A pour personne citée:: Albrecht Thaër|Thaer]] et Darwin apparaissent précurseurs de techniques de prospection pédologique ; vers 1875, Dokoutchaïev initie le concept de profil pédologique. <br />
Par ailleurs, O. de Serres (1600) initie une approche plus agronomique, puis [[A pour personne citée::Christophe-Joseph-Alexandre Mathieu de Dombasle|Mathieu de Dombasle]] (1828) propose à ses étudiants une démarche de « clinique agronomique » avec une observation méthodique du sol ''in situ''.<br />
<br />
Mais les agronomes sont alors plus orientés vers la chimie que vers la physique du sol. Toutefois, Demolon considérant que les expérimentations de [[fertilisation]] ne font pas une part suffisante aux composantes physique, chimique et biologique du sol, fonde par ses travaux une [[science du sol]], affranchie de l’approche naturaliste de la pédologie, en publiant ''La dynamique du sol'' en 1932 avec pour visée qu’elle puisse s’appliquer à l’agronomie, orientation dessinée dans un second ouvrage, ''La Croissance des végétaux cultivés'' en 1934. Il donne ainsi une prédominance au milieu (sol et climat) sur la biologie végétale, milieu qu’il convient de modifier par les techniques pour agir sur les végétaux cultivés (Papy ''et al.'', 2022, p 167-168). <br />
<br />
Trente ans plus tard, quand les tracteurs remplaceront la traction attelée avec la création notamment de tassements, et que l’abandon de l’élevage dans certaines régions entraînera la baisse de la teneur en matière organique des sols, et donc de leur [[stabilité structurale]], les recherches confiées en 1931 par Demolon à Hénin déboucheront sur le profil cultural. Au cours de cette même période, trois pédologues, Goerbing (1947), Sekera (1951) et Peerlkamp (1959) ont une démarche convergente au niveau des objectifs.<br />
<br />
===La création du profil cultural par Hénin ''et al.''en 1960===<br />
Dans l’introduction du livre Le Profil Cultural, Hénin ''et al.'' (1960) retracent leur démarche de chercheurs. En se référant aux résultats d’une longue série d’expériences relatives aux gains de [[récolte]] obtenus par application d’[[engrais]], ils font l’hypothèse que les propriétés physiques du sol interfèrent dans les différences de [[Signification des rendements|rendement]] constatées. Au niveau d’un champ cultivé, ils estiment que les techniques ([[rotation]], [[fumure]], [[façon]]s culturales, choix des [[variété]]s, soins aux cultures) sont en fortes interactions ; ils l’illustrent en prenant l’exemple de l’approfondissement du labour, « qui modifie l’épaisseur de terre remuée mais aussi l’état de cette terre, le mélange de la matière organique et du sol ainsi que la distribution des éléments fertilisants ». Ils révèlent ainsi la complexité des actions exercées sur le sol par les différentes opérations culturales et la nécessité de définir l’état physique du sol pour évaluer leurs répercussions.<br />
<br />
Au-delà des difficultés pressenties pour décrire l’état physique du sol, en particulier liées à l’hétérogénéité du milieu, ils recherchent à formaliser une méthode de diagnostic, qualitative mais systématique pour être aussi objective que possible. Une méthode dont le principe est proche de la démarche du médecin généraliste : détection de symptômes par observation et « auscultation » du sol, élaboration d’une synthèse (syndrome), formulation d’un diagnostic ; « une coupe de terrain, permettant de retrouver les conséquences du passé et les réactions des cultures » (Poupardin & Hénin, 1997). <br />
<br />
A l’origine, la méthode de description de l’état structural du sol s’inspirait largement des critères définis par les pédologues (par ex. pour la forme des agrégats : polyédriques, arrondis, sub-anguleux, lamellaires…). De même les agronomes, comme les pédologues, décrivaient les symptômes d’hydromorphie ou l’état du système racinaire, révélateurs de la qualité de l’environnement physique de la racine. La méthode originelle est présentée en détail dans Hénin ''et al.'', 1969. <br />
<br />
Les deux éditions du Profil Cultural portent deux sous-titres différents, « Principes de physique du sol » en 1960 et « L’état physique du sol et ses conséquences agronomiques » en 1969, illustrant que le sol devient progressivement un objet d’étude dans ses relations avec les cultures, le climat et les techniques, avec une prise en compte des interactions complexes dans le champ cultivé (Doré, 2022 : 25-36).<br />
<br />
===Perfectionnement de la méthode=== <br />
[[A pour personne citée:: Michel Sebillotte| Michel Sebillotte ]], successeur de Hénin à la chaire d’agronomie de l’INA (aujourd’hui AgroParisTech), fit de la méthode du profil cultural un outil pédagogique privilégié dans la formation des étudiants (Sebillotte, 1971 & 1974) ainsi qu’un outil de recherche en l’introduisant comme variable explicative dans des protocoles d’expérimentations et d’enquêtes (Sebillotte, 1963) ; cette orientation a été largement partagée par d’autres chercheurs : Gras (1961), Maertens (1964), Monnier (1965). <br />
<br />
Par ailleurs, le profil cultural a été valorisé avec profit par quelques experts proches du développement. Toutefois, dans la pratique, c’est plutôt la mise en relief d’accidents jugés défavorables aux cultures que l’examen méthodique du profil qui prédominait ; il en résultait un certain manque de crédibilité scientifique, renforcé par le fait que les horizons travaillés peuvent évoluer rapidement, contrairement aux profils pédologiques, rendant difficile le contrôle par des observations ultérieures.<br />
<br />
Les différentes mises à l’épreuve vécues dans la formation, la recherche et le développement convergeaient sur l’intérêt et l’importance d’observer et de décrire les états du profil cultural qui jouent le rôle central de conditions dans le fonctionnement des [[Agrosystème, agroécosystème|agrosystèmes]] ([[Profil cultural - Annexe 5|annexe 5]]). Ces expériences, tout en confirmant la validité du concept, ont révélé toutefois '''l'insuffisance des modalités de caractérisation de l'état structural pour rendre compte de la variabilité des situations rencontrées et, surtout, pour les comprendre'''.<br />
<br />
C’est dans ce cadre que Hubert Manichon s’est attelé au développement d’une méthode nouvelle de description de l’état du profil cultural, formalisée dans sa thèse en 1982, puis présentée avec un objectif large de vulgarisation dans le Guide méthodique du profil cultural (Gautronneau & Manichon, 1987) qui reste l’ouvrage de référence pour mettre en œuvre la méthode. La principale évolution a porté sur son adaptation aux systèmes sans labour, où le travail du sol est très [[Techniques culturales simplifiées|simplifié]], voire supprimé complètement, avec une meilleure prise en compte de l’effet des « agents naturels » : conditions climatiques, racines et macrofaune (Boizard ''et al.'', 2017).<br />
<br />
==Le profil cultural, comment fait-on ?== <br />
=== La méthode de caractérisation proposée par Manichon (1982)===<br />
Nous ne donnons dans ce paragraphe que les grands principes de la méthode conçue et formalisée par Manichon en 1982, certaines illustrations figurent dans les annexes [[Profil cultural - Annexe 6|6]], [[Profil cultural - Annexe 7|7]], [[Profil cultural - Annexe 8|8]]. Par ailleurs, le guide méthodique précité, qui explique dans le détail la mise en œuvre de la méthode de description du profil cultural est accessible sur le [http://profilcultural.isara.fr/index.php/profilcultural site de l’ISARA de Lyon].<br />
<br />
Deux aspects essentiels caractérisent les améliorations apportées par Manichon à la méthode de description du profil : <br />
* une meilleure prise en compte de l’hétérogénéité crée par les différentes profondeurs de travail des outils et par les différents passages d’engins lors de la saison culturale (travail du sol, [[traitement]]s, récolte, charrois) ; <br />
* le mode de caractérisation de la structure, plus à même de décrire et d’interpréter les effets des actions anthropiques sur les états du sol, en interaction avec le climat. <br />
<br />
La prise en compte de l’hétérogénéité spatiale au sein du profil repose sur une stratification de sa face d’observation en réalisant une partition latérale et verticale qui aboutit à la délimitation de compartiments (figure 1). La stratification verticale permet de mettre en évidence les différents horizons individualisés par les opérations de travail du sol ainsi que les horizons pédologiques. La partition latérale permet de mettre en place un cadre d’analyse de la structure du sol, basé sur la géométrie des passages d’engins. <br />
<br />
[[File: MotsAgro_Profil cultural_1.jpg|550px|thumb|center|<center>''' Figure 1. Principe de la stratification de la face d'observation d'un profil de sol (d’après Gautronneau et Manichon, 1987).<br/><br />
Stratification verticale : H1, lit de semences ; H5, horizon labouré non repris ; H6, ancien labour ; P1, premier horizon pédologique.<br/><br />
Stratification latérale : L1, partie du profil située sous les traces de roue des opérations effectuées après la préparation superficielle du sol (visible à la surface du sol) ; L2, partie du profil située sous les traces de roues lors de la préparation superficielle du sol (non visible à la surface) ; L3, la partie du profil non affectée par les passages de roues depuis le dernier labour '''</center>]]<br />
<br />
L’observation de la structure du sol est faite dans chaque compartiment délimité sur la face d’observation du profil par l’intersection d’un horizon et d’une position latérale (par exemple H5L3). Deux groupes de critères ont été retenus : <br />
<br />
* '''Le premier groupe de critères''' porte sur la caractérisation de l’espace poral. Il s’agit de caractériser l’importance et le type de porosité au sein des [[motte]]s, appelé état interne des mottes dans le guide méthodique. Les mottes de type delta (&Delta;) se caractérisent par une absence de porosité visible à l’œil et, par conséquent, une masse volumique élevée. Les mottes de type gamma (&Gamma;) à l’inverse, résultant de l'agglomération d’agrégats de sol sous l'effet de l’humidité, de contraintes modérées, de l'activité biologique présentent une porosité visible à l’œil importante et, par conséquent, une résistance à la pénétration plus faible et un taux d'infiltration plus élevé que le type delta. Enfin, les mottes phi (&Phi;) sont des mottes delta fissurées sous l’effet du retrait et/ou du gel qui présentent donc une porosité sous forme de fissure très caractéristique, aisément identifiable à l’œil nu. <br />
<br />
* '''Le second groupe de critères''' porte sur l’organisation des éléments structuraux à l’échelle du compartiment délimité sur la face d’observation du profil. Pour la caractériser, on définit trois états, baptisés o, b et c. « o » (comme « Ouvert ») correspond à un état très fragmenté avec la présence de terre fine, de petits agrégats et de mottes ; « b » (comme « Bloc ») à la présence de mottes décimétriques séparées par des cavités structurales plus ou moins importantes et « c » (comme « Continu ») à un état massif sans discontinuités structurales. <br />
<br />
Les critères de description de l’état interne des mottes ont été choisis de manière à pouvoir être reliés directement aux principaux facteurs, anthropiques et climatiques, de structuration du profil. On s’appuie pour cela sur le modèle conceptuel reliant les différents types d’état interne et la terre fine (figure 2). <br />
<br />
[[File:MotsAgro_Profil cultural_2.jpg|600px|thumb|center|<center>''' Fig. 2. Schéma des interrelations entre les différents types de porosité (ou états internes) d’après Manichon (1982)'''</center>]]<br />
<br />
La description du profil cultural comprend également les informations suivantes : localisation de la matière organique fraîche et état de décomposition, présence de racines, traces d’activité biologique, fentes de retrait, aspects visibles du fonctionnement hydrique du sol intégrant les traces d’hydromorphie. Enfin, la description s’achève par une prise de recul pour l’évaluation de la proportion des différents états, que l’on peut apprécier de façon qualitative en reportant les observations sur une fiche de description ou, de manière plus précise, en utilisant des techniques d’analyse d’image sur la face d’observation (Coulomb ''et al.'', 1993). <br />
<br />
Les observations sont consignées dans une fiche. Celle conçue à l’origine dans le guide du profil cultural est donnée en [[Profil cultural - Annexe 7|annexe 7]].<br />
<br />
===Adaptation de la méthode aux systèmes sans labour et/ou sans travail du sol (2017)===<br />
Dans les systèmes sans labour, où le travail du sol est très simplifié, voire supprimé complètement, la dynamique de la structure du sol est principalement liée aux effets des « agents naturels » (climat, racines et faune du sol), mais peut être aussi perturbée par le tassement lors des passages d’engins agricoles.<br />
<br />
Deux principales modifications ont été introduites par Boizard ''et al.'', (2017) pour mieux prendre en compte des caractères liés à la fissuration et à l’activité biologique.<br />
<br />
La description de la fissuration des zones delta (&Delta;) sous l’effet du climat a été précisée en distinguant un état interne avec un système de fissures orientées dans toutes les directions (l’état &Phi; antérieur) et un état interne caractérisé par un système de fissuration horizontal, conduisant à une structure lamellaire, importante à repérer dans les horizons non travaillés car elle fait obstacle à l’infiltration et à l’enracinement (état P). En effet Boizard ''et al.'' (2013) en France et Sasal ''et al.'' (2017) en Argentine ont montré l’importance de bien prendre en compte ce processus de fissuration horizontale, fréquent dans les situations de semis direct ou de travail réduit. <br />
<br />
Par ailleurs, les macropores d’origine biologique ([[vers de terre]], termites, racines…) modifient le fonctionnement du système sol-plante. En France, Capowiez ''et al.'' (2012) et Piron ''et al.'' (2017) ont étudié l’effet des vers de terre sur la bioturbation<ref>La bioturbation désigne le réarrangement physique du matériel du sol par des organismes vivants, et la régénération des volumes tassés.</ref> et la régénération des volumes tassés. Pour mieux rendre compte de ces actions sur la structure, un critère complémentaire a été introduit, précisant la présence de macropores ou de traces de bioturbation. Les éléments structuraux avec présence de macropores tubulaires d’origine biologique sont appelés b1 et ceux avec présence de macropores et déjections b2. <br />
<br />
En conséquence, la description de l’état structural se fait à trois niveaux :<br />
* L’organisation des éléments structuraux : o, b, c<br />
* Le type de porosité ou état interne : &Gamma;, &Delta;, &Phi;, P<br />
* L’activité biologique : b1 et b2.<br />
<br />
Prenant en compte ces modifications, le modèle conceptuel indiquant les processus qui permettent le passage d’un type de porosité à l’autre, a été enrichi par rapport à la version initiale pour faciliter l’interprétation (figure 3). Ainsi avec la nouvelle version, un état c&Phi; révèle un état compact qui résulte d’un tassement sévère et de la fissuration sous l’effet des conditions climatiques, alors qu’un état c&Phi;b1 résulte des mêmes processus auxquels il faut ajouter les effets de l’activité biologique (faune du sol et racines des plantes).<br />
<br />
[[File:MotsAgro_Profil cultural_3.jpg|550px|thumb|center|<center>''' Fig. 3. Nouveau schéma conceptuel des interrelations entre les différents types de porosité (ou états internes) suite l’évolution de la méthode (Boizard ''et al.'', 2017).'''</center>]]<br />
<br />
Les différents types de porosité observées au sein des mottes et les critères biologiques sont illustrés en [[Profil cultural - Annexe 6|annexe 6]]. Un guide simplifié de la méthode, s’appliquant aussi bien aux systèmes avec travail du sol qu’au semis direct, a été édité dans la revue ''Agronomie, Environnement et Société ''([https://agronomie.asso.fr/aes-9-2-6 Boizard ''et al.'', 2019].<br />
<br />
===Le profil racinaire, un objet d’étude===<br />
En parallèle à la mise en œuvre de la méthode du profil cultural, Tardieu (1988) a proposé une méthode pour établir des cartes précises d’enracinement. Elle consiste à observer la présence ou l’absence de racines sur un plan quadrillé de carrés de 1 à 2 cm de large et de les confronter à la description du profil cultural. Elle s’est révélée utile par exemple pour étudier l’effet des tassements sur l’enracinement des plantes comme le [[maïs]] (Tardieu, 1988) ou la [[pomme de terre]] (Tomis ''et al.'', 2017). La colonisation racinaire évaluée par la méthode précitée a constitué la variable de réponse des cultures au [[chaulage]], plus proche que le rendement : par exemple une protection phytosanitaire insuffisante de la culture en fin de cycle peut très bien masquer un effet positif du chaulage ; la délimitation d’un sous-système « sol-racines » est apparue pertinente (Kockmann ''et al'', 1990).<br />
<br />
==Enjeux et perspectives==<br />
===Positionnement de la méthode par rapport aux autres méthodes visuelles ===<br />
Le premier point fort de la méthode du profil cultural est la prise en compte de la variabilité spatiale de la structure, ce qui permet de comprendre et d’analyser les effets du travail du sol, du compactage et des agents naturels sur la structure du sol et du sous-sol ainsi que leurs conséquences sur le développement et la croissance des plantes (Roger-Estrade ''et al.'', 2004). Elle est ainsi très adaptée à l’évaluation de l’effet des itinéraires techniques et des systèmes de culture, en recherche comme pour le développement. C’est pour cette raison qu’elle a donné lieu à plusieurs démarches de modélisation. Mentionnons aussi l'investissement récent finalisé sur l'implantation des cultures ( Boiffin et al., 2020)<br />
<br />
Un frein à son développement comme outil de diagnostic sur le terrain est la lourdeur de sa mise en œuvre et la perturbation introduite dans la parcelle. D’autres méthodes visuelles reposant sur l’observation d’un prélèvement d’un bloc de sol à la bêche sont contemporaines de la méthode du profil cultural. Ces méthodes dites « [[bêche]] » sont plus faciles et plus rapides à mettre en œuvre. VESS (''Visual Examination of Soil Structure''), qui est la méthode la plus utilisée aujourd’hui, a été développée par Ball ''et al''. (2007) et améliorée par Guimaraes ''et al.'' (2011). Elle donne en sortie une note entre 1 et 5 caractérisant la structure de l’horizon travaillé (c'est à dire prenant en compte le travail le plus profond réalisé, généralement compris entre 20 et 30 cm) : pour cela l’observateur attribue une note à chaque couche de sol observée à partir d’une grille prenant en compte plusieurs caractéristiques telles que la taille des mottes, leur résistance à la fragmentation manuelle, l’importance de la terre fine, la présence de racines… En répétant l’opération sur au moins cinq prélèvements, une note globale de la qualité de la structure du sol est calculée. Plusieurs auteurs ont montré la bonne relation entre la note obtenue avec VESS et des facteurs essentiels de la [[fertilité]] physique des sols comme l’aération, la distribution de l’eau ou la réserve en eau (Pulido ''et al.'', 2014 ; Johannes ''et al.'', 2017). Husson ''et al.'' (2023) ont aussi montré l’intérêt de cette note pour caractériser des trajectoires de restauration ou de dégradation de la structure du sol. <br />
<br />
La méthode a été éditée par [https://agronomie.asso.fr/aes-9-2-6 Boizard ''et al.'', 2019) ; elle permet de réaliser un diagnostic rapide, par exemple pour aider un agriculteur à la prise de décision immédiate sur l’opportunité ou non de tel ou tel passage d’outil et son réglage. Elle s’adresse à un public très large, qui va de l’agriculteur à l’agronome, étant d’une mise en œuvre relativement simple grâce à une charte s’appuyant sur des photos pour aider l’utilisateur à faire sa notation. Mais par rapport à la méthode de description du profil cultural, elle ne permet pas d’analyser l’origine des états structuraux observés. <br />
<br />
Une initiative intéressante est la mise au point de la méthode du mini-profil 3D (Tomis ''et al.'', 2019), qui consiste à prélever un bloc de sol avec un chargeur télescopique afin d’observer les horizons de travail du sol en utilisant les mêmes critères que le profil cultural. Cette méthode permet d’accéder rapidement à un profil de sol pour le décrire. Le bloc est remis à sa place à la fin de l’observation, créant ainsi un minimum de perturbation dans le champ. Pour être représentative de la parcelle, elle doit être répétée au moins trois fois. La méthode est très prisée des conseillers pour la sensibilisation à l’observation des sols et l’animation des tours de plaine.<br />
<br />
Cependant, avec les méthodes « bêche » ou « mini-profil 3D », on ne peut pratiquer, comme pour celle du profil cultural, une analyse comparée de l’état des différents compartiments de la face d’observation pour accéder à la compréhension de l’origine des états structuraux. Même si aujourd’hui, sur le terrain, les agronomes ont tendance à préférer des méthodes rapides, de type bêche ou mini-profil 3D, celle du profil cultural reste un outil indispensable pour accompagner des agriculteurs vers des systèmes innovants comme l’[[agriculture de conservation]] des sols et dans le cadre de la transition [[Agroécologie|agroécologique]].<br />
<br />
===Formation à l’observation qualitative ===<br />
La méthode du profil cultural, qualitative, exige un apprentissage sérieux et conséquent : une grande rigueur dans les observations méthodiques et indépendantes des différents critères pour ensuite étudier leurs convergences ; prendre en considération le volume de sol travaillé par les outils ; savoir relativiser et hiérarchiser les accidents ; entrevoir pour voir… Puis « interpréter, démarche où l’agronome doit s’engager sans autre garde-fou que son référentiel local et une solide formation théorique » (Sebillotte, 1987, Préface du ''Guide Méthodique du Profil Cultural''). « C’est sur le terrain que l’on mesure la difficulté du test des théories et des modèles en agronomie, parce que l’on y perçoit physiquement, et c’est irremplaçable, la complexité des objets étudiés ! » (Sebillotte, 2006, voir [[Profil cultural – Annexe 8|annexe 8]]). La formation constitue un réel enjeu pour la pratique du profil cultural. <br />
<br />
Actuellement, des initiations aux méthodes visuelles d’observation des sols sont réalisées dans différentes écoles d’ingénieur pour sensibiliser les étudiants au fonctionnement global du sol. Elles se font généralement en deux temps. Dans les premières années du cursus, le profil cultural est mobilisé comme outil d’observation globale du sol, permettant d’aborder toutes les dimensions du sol (physique, chimique et biologique) et son lien aux plantes (racines…), ce qui permet de faire découvrir la complexité des processus agissant dans le sol. Lors de la spécialisation en agronomie, les étudiants approfondissent leur connaissance à travers des mises en situation au champ, où il s’agit d’enseigner une démarche de diagnostic de culture en lien avec les [[contrainte]]s du sol et du climat pour aboutir à un conseil sur l’itinéraire technique ou le système de culture. Ils participent ainsi à son développement en tant que futurs conseillers agricoles. Cette utilisation du profil cultural permet de promouvoir la méthode, mais aussi de la discuter voire de l’adapter avec les étudiants pour pérenniser son usage et son utilité dans le futur. Dans la même optique et parallèlement à la formation initiale, le profil cultural est aussi mobilisé dans la formation continue des conseillers agronomes de terrain. <br />
<br />
<br />
===Notes===<br />
<references/><br />
<br />
<br />
==Références citées==<br />
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<br />
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