Différences entre les pages « Riz, rizière, riziculture » et « Agostino Gallo »

De Les Mots de l'agronomie
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(L’agronomie du riz)
 
imported>Pierre Morlon
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<big>''Auteurs'' : '''[[A pour auteur::Alain Audebert]]''', '''[[A pour auteur::Nour Ahmadi]]''' et '''[[A pour auteur::Jean-Yves Jamin]]'''</big><br/><br/>
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'''[[A pour personnalité::G|Agostino Gallo]]''' (né en 1499 à Brescia, en Lombardie et mort en 1570) était un agronome italien du XVI<sup>e</sup> siècle.
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|Note langue=Cette question est traitée abondamment dans le texte de l'article, plus complètement qu'elle ne pourrait l'être dans cette rubrique.
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==Listes des articles dans lesquels Agostino Gallo est cité==
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|Date d'acceptation=21 avril 2010
 
|Mise en ligne=26 août 2010
 
 
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__NOTOC__
 
==Riz==
 
 
Le riz est la première [[céréale]] pour l'alimentation humaine et fournit près de 50% des besoins énergétiques de 3 milliards d’Asiatiques. Son importance est ancienne : « Dans la plus grande partie de l'Asie, en Perse, en Arabie, en Égypte et de là jusqu'à la Chine, le riz fait la principale nourriture » ([[A pour personne citée::Georges-Louis Leclerc de Buffon|Buffon]], 1777 : 403). Modeste en Europe (5 kg/hab/an), la consommation du riz atteint 40 à 60 kg/hab/an en Afrique et en Amérique Latine, et 100 kg en Asie, avec un record pour la Birmanie avec plus de 200 kg.
 
  
La culture du riz, ou ''riziculture'', est pratiquée dans un éventail très large de conditions climatiques et hydrologiques : depuis le bord de la mer (dans les mangroves) jusqu'à 3000 m d’altitude (au Népal), et depuis 40° de latitude Sud, en Argentine, jusqu’à 53° Nord, en Chine, en passant par toutes les zones intertropicales. Cette diversité des milieux s’accompagne d’une grande diversité des [[pratiques culturales]] et des [[variétés]] utilisées (plus de 100 000 recensées).
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==Liste des annexes dans lesquelles Agostino Gallo est cité==
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{{#ask:[[A pour personne citée dans les annexes::{{PAGENAME}}]]
Le riz est une poacée du genre {{TaxonNCBI|4527|''Oryza''|aller au NCBI|}}, qui compte 23 espèces dont seules deux sont cultivées : {{TaxonNCBI|4530|''O. sativa''|aller au NCBI|''Oryza sativa''}}, originaire d’Asie, et {{TaxonNCBI|4538|''O. glaberrima''|aller au NCBI|}}, originaire d’Afrique de l’Ouest. ''O. sativa'' comporte 2 sous-espèces ; l’une, indica, utilisée en culture aquatique en zone tropicale, l’autre, ''japonica'' utilisée en culture aquatique en zone tempérée et en [[culture pluviale]] en zone tropicale. Certaines espèces sauvages font l’objet de cueillette, comme {{TaxonNCBI|65489|''O. barthii''|aller au NCBI|}}.
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===Histoire===
 
Les traces archéologiques de la [[domestication]] du riz remontent à 8000 av JC, dans la partie médiane de la vallée du fleuve Yangzi. Au moins deux domestications indépendantes auraient eu lieu au sud de Himalaya (Est de l’Inde, Myanmar ou Thaïlande), d’une part, au sud de la Chine, d’autre part (Sweeney & McCouch, 2007). Confucius (''ca''. 551 - 479 av. J.-C.) porte le riz en grande considération « Un bol de riz avec de l'eau et le coude pour oreiller, voilà un état qui a sa satisfaction ». Il se répand en Extrême-Orient puis vers le Moyen Orient. Sa culture en Iran et en Syrie remonte à 400 av. J.-C. Il est ramené de Perse en Grèce par Alexandre le Grand (Jeanguyot & Ahmadi, 2005). [[A pour personne citée::Pline l’Ancien]] (77) le décrit en reprenant [[A pour personne citée::Sophocle]] et [[A pour personne citée::Théophraste]] « les Indiens … leur nourriture favorite est le riz, avec lequel ils préparent la ptisane que les autres nations préparent avec l'orge. Les feuilles du riz sont charnues, semblables à celles du poireau, mais plus larges ; la tige est haute d'une coudée, la fleur pourpre, la racine ronde comme une perle ».
 
 
 
Produit d’importation au Moyen Âge, le riz est connu par les élites sociales. En France, il est mentionné dès 1393, dans ''le Mesnagier de Paris<ref>Le [http://fr.wikipedia.org/wiki/Ménagier_de_Paris Mesnagier de Paris] sur Wikipédia</ref>'' : « Taillis à servir comme en karesme. Prenez fins roisins, lait d'amandes bouli, eschaudés, galettes et croutes de pain blanc et pommes couppées par menus morceaulx quarrés, et faites boulir vostre lait, et saffren pour lui donner couleur, et du succre, et puis mettez tout ensemble tant qu'il soit bien liant pour tailler. L'en en sert en karesme en lieu de riz. » (1994 : 212)
 
 
 
La riziculture est introduite en Espagne par les Maures au VIII<sup>e</sup> siècle. Puis, à partir des rizières des deltas espagnols du Guadiana et du Guadalquivir, des essais d’[[acclimatation]] sont faits en Italie, dans la plaine du Pô (XV<sup>e</sup> s.). En France, les premières tentatives de cultures du riz sont réalisées en Camargue et dans les marais de l’Ouest à la fin du XVI<sup>e</sup> s., sous l’impulsion d’Henri IV, de Sully et d’[[A pour personne citée::Olivier de Serres]]. Cependant ce n’est qu’avec l’endiguement du delta du Rhône contre les crues en 1864 qu’Étienne Noël Godefoy aménage la première rizière, dans le but de dessaler le sol pour le préparer à d’autres [[cultures]]. Il faudra attendre la deuxième guerre mondiale et l’occupation de l’Indochine française par le Japon pour que la production de riz irrigué se développe en France métropolitaine, en Camargue alors qu’elle avait été initiée dès les années 20 dans les colonies françaises d’Afrique de l’ouest qui connaissaient déjà d’autres formes de riziculture.
 
 
 
En effet, indépendamment de la diffusion asiatique puis européenne d’''O. Sativa'', l’espèce ''O. glaberrima'' a été domestiquée très tôt en Afrique de l’Ouest. Les traces archéologiques de la domestication trouvées autour du Lac Tchad remontent à 1800 av J.-C (Klee ''et al.'', 2000). [[A pour personne citée::Roland Portères|Portères]] (1950) distingue un centre de domestication primaire dans le Delta Central du Niger (au Mali), et un centre secondaire en Sénégambie. A partir du XVI<sup>e</sup> siècle, les variétés asiatiques d’''O. sativa'' amenées par les Portugais se sont ajoutées aux variétés locales.
 
 
 
La terminologie reflète l’histoire du riz. Le mot désignant le riz est initié dans une langue orientale, le chinois ou le sanskrit. En passant par le grec, il est devenu ''oruza''. Le latin le transforme en ''oryza'', l’arabe en ''eruz'', puis l’espagnol et le portugais en ''arroz'' et l'italien en ''riso''. Au XIII<sup>e</sup> siècle, il prend la forme de ''ris'' en français, avant de se fixer en ''riz''. En Afrique de l’Ouest, là où préexistait une riziculture indigène, le riz est souvent désigné à partir d’une racine mandingue ''Malo/Maro'' ; ailleurs, les racines arabes ou portugaises ''eruz / arroz'' prédominent.
 
 
 
==Rizière / riziculture==
 
On distingue deux grands écosystèmes rizicoles en fonction du [[régime hydrique]] (Trébuil & Houssain, 2004) :
 
* écosystème aquatique, avec une lame d’eau, au moins temporaire ; on parle de ''rizière'' (''paddy field'') ;
 
* écosystème non aquatique, où le riz est cultivé, comme les autres céréales, sur des sols exondés et drainés.
 
 
 
===Les rizicultures aquatiques===
 
Elles couvrent 88% des superficies rizicultivées et sont subdivisées en quatre catégories :
 
 
 
# '''Riziculture irriguée''' (''irrigated rice''). Des infrastructures hydro-agricoles permettent de maîtriser la date d’entrée et de retrait de l’eau dans la rizière, ainsi que la hauteur de la lame d’eau. C’est dans ce type de riziculture, qui couvre 55% des superficies cultivées et assure 75% de la production mondiale, que s’est faite la « [[révolution verte]] » des années 1960. L’utilisation simultanée de [[variétés]] demi-naines très productives, d’[[engrais minéraux]] et de [[pesticides]], associée à une bonne maîtrise de l’[[Mauvaise herbe|enherbement]] grâce au [[repiquage]] et au [[désherbage]] manuel, a permis d’atteindre par récolte des [[Signification des rendements|rendements]] moyens de 4-5 t/ha et des maxima de 10 t/ha. La [[monoculture]] du riz est souvent la règle et, dans certains climats chauds, l’utilisation de variétés [[précoces]] et non [[photosensibles]] permet jusqu'à trois [[cycles de culture]] par an. En zones subtropicales, la [[rotation]] riz-blé est très largement répandue. Avec l’accroissement du coût de la main d’œuvre, la tendance est à l’abandon du repiquage au profit du [[semis]].
 
 
 
#'''Riziculture inondée''' (''rainfed lowland rice''). En l’absence d’infrastructures hydro-agricoles de contrôle de l’eau, l’[[alimentation en eau]] de la rizière dépend directement des pluies ou de la crue des cours d’eau ; les dates d’arrivée et de retrait de l’eau dans la rizière ne sont pas maîtrisées et la lame d’eau peut varier de 0 à 100 cm. Ce type couvre 23% des superficies mondiales. Le mode d’implantation de la culture le plus répandu est le semis. Les rendements dépassent rarement 4 t/ha. La préoccupation majeure est la stagnation des rendements autour de 3 t/ha. Les variétés utilisées doivent être plus [[rustiques]], leur hauteur et leur cycle bien adaptés au régime hydrique.
 
 
 
#'''Riziculture de submersion profonde''' ou '''riz « flottant''' » (''deep water rice''). Pratiquée dans des zones deltaïques où la lame d’eau peut atteindre 5 m, elle représente 10% des superficies cultivées et assure seulement 3% de la production mondiale. Les variétés utilisées se caractérisent par une capacité d’élongation rapide des [[entre-nœuds]] (jusqu’à 10 cm par jour) accompagnant la monté des eaux. Les rendements sont faibles (environ 1 t/ha) et sujets à une grande variabilité spatiale et interannuelle. Elle est de moins en moins attractive.
 
 
 
#'''Riziculture de mangrove''' (''mangrove rice''). Pratiquée dans des plaines côtières soumises à l’influence des marées, elle s’appuie sur une savante gestion de l’eau douce et de l’eau salée. En saison des pluies, on dessale la rizière par submersion avec de l’eau douce, puis on installe le riz et on le protège de l’eau salée avec des digues. En saison sèche, une fois le riz récolté, on introduit l’eau de mer pour éviter l’acidification des sols, bénéficier des [[éléments nutritifs]] qu’elle apporte et contrôler l’enherbement. Les variétés utilisées doivent avoir une bonne [[tolérance à la salinité]]. Etant donnée la [[fertilité]] élevée des sols, des rendements de 5 t/ha peuvent être atteints sans utilisation d’engrais.
 
 
 
Dans les rizières, l’existence de conditions anaérobies peut entraîner l’apparition de problèmes liés aux caractéristiques des sols ([[acidité]], [[salinité]], [[alcalinité]], toxicité ferreuse, etc.). Le souci d’économiser les ressources en eau et le coût élevé des [[aménagements]] nécessaires à une bonne gestion de celle-ci conduisent aussi à reconsidérer l’intérêt de l’autre forme de riziculture, pluviale.
 
 
 
===La riziculture pluviale (''rainfed upland rice'' ou ''aerobic rice'')===
 
C’est une culture sans submersion, alimentée par les pluies et/ou la nappe phréatique. Elle représente 12% des superficies mondiales, et 40% en Afrique. Le riz pluvial est traditionnellement cultivé dans des systèmes itinérants d’[[abattis-brûlis]] (''slash and burn''). Ces systèmes sont de moins en moins productifs du fait du raccourcissement de la durée des « [[jachère]]s » (rendements de 1 t/ha au lieu de 2 t/ha). Ils se heurtent aussi, de plus en plus, à la préoccupation de protection des forêts et de lutte contre l’[[érosion]]. La fixation de la riziculture pluviale est un important enjeu de développement. Les exemples de certaines zones densément peuplées d’Afrique et de certaines grandes exploitations du Brésil montrent que cette fixation est techniquement possible (Syaukat & Pandey, 2004; Pinheiro ''et al.'', 2006)
 
 
 
==L’agronomie du riz==
 
En Chine, les discussions savantes sur la manière de [[cultiver]] le riz remontent à 500 ans av. J.-C. Pendant longtemps, la [[maîtrise de l’eau]] est l’élément central de ces discussions et cela se traduit par de grands aménagements hydroagricoles. Puis, vient la double culture annuelle du riz. L’empereur Song Zhenzong (997-1022) lance une révolution verte avec l’introduction, depuis l’actuel Vietnam, de variétés à cycle court permettant 2 cultures par an. Il fait rédiger et largement diffuser un véritable manuel de riziculture traitant des méthodes de semis et de repiquage, de fertilisation et d’[[irrigation]]. “''Daopin''” (Variétés de riz) serait le premier livre spécifiquement dédié à la description des techniques rizicoles et leur amélioration par l’utilisation de nouvelles variétés. La riziculture asiatique est ainsi devenue très tôt une référence [[agronomique]], jusqu’en Occident où elle est donnée en exemple par [[A pour personne citée::Henri-Louis Duhamel du Monceau|Duhamel du Monceau]] (1753) pour [[intensifier]] celle du [[blé]].
 
 
 
Plus récemment, se sont développés au Japon les approches d’analyse des [[composantes du rendement]] comme outil de [[diagnostic]] et d’optimisation de la conduite de la riziculture irriguée (Matsushima, 1966). Puis, pour la révolution verte, l’[[A pour institution citée::Institut international de recherche sur le riz|International Rice Research Institute]] (''IRRI'') a développé de nombreux travaux sur les variétés, la fertilisation, la conduite de la culture (Yoshida, 1981). Les années 90 ont vu, sous l’impulsion de l’université de Wageningen<ref>Le site officiel  de l'[http://www.wageningenuniversity.nl/UK/ Université de Wageningen]</ref>, la naissance et le perfectionnement du modèle rizicole aquatique « ''Oryza 2000<ref>[http://www.knowledgebank.irri.org/oryza2000/ Oryza 2000]</ref>'' » ouvrant la voie à des travaux sur la définition d’[[idéotypes]] de plante, d’analyse des causes d’écart entre les rendements [[potentiels]] et les rendements observés chez les agriculteurs, et d’optimisation des [[pratiques culturales]] (Bouman ''et al.'', 2004).
 
 
 
Quelle que soit l’époque, une question centrale a été, et reste, l’utilisation optimale de la grande [[plasticité]] des composantes du rendement du riz. Si les bases biologiques et les approches méthodologiques de cette optimisation sont sans cesse revisitées (Cassman, 1999 ; Bouman ''et al.'', 2004), les modalités pratiques de sa mise en œuvre en termes de pratiques culturales (mise en place et conduite des [[pépinières]], âge des plants au repiquage, nombre de brins repiqués par touffe, écartement entre touffes, conduite de l’irrigation, apport des fertilisant organiques ou minéraux…) sont bien connues et ont fait l’objet de nombreux ouvrages de [[vulgarisation]], notamment par des [[agronomes]] français impliqués dans l’[[amélioration]] de la production du riz en Indochine, à Madagascar et en Afrique (Dobelmann, 1961 ; Angladette, 1966). C’est la connaissance et l’exploitation de cette plasticité qui permet d’atteindre des niveaux de production similaires à travers le monde, avec des [[itinéraires techniques]] différents, orientés par les conditions [[pédoclimatiques]], hydriques et économiques locales. Mais l’avènement de la révolution verte en Asie et son peu de succès en Afrique, montrent que l’adoption des pratiques rizicoles dépend aussi fortement du contexte socioculturel, des stratégies et des systèmes de production des agriculteurs, et des politiques agricoles des Etats.
 
 
 
Mis au point à Madagascar dans les années 80, le SRI ou « Système de Riziculture Intensive » ([[A pour personne citée::Henri de Laulanié|Laulanié]], 1993) est un [[itinéraire technique]] basé sur le repiquage, à un seul brin par touffe et en touffes espacées, de plants très jeunes, et où la rizière est maintenue humide mais non submergée. Sa promotion mondiale (Uphoff ''et al.'', 2002) a relancé le débat sur les  besoins en eau du riz (Stoop ''et al.'', 2002 ; Dobermann, 2004) dans un contexte de compétition croissante entre les usages rizicoles, urbains et industriels de l’eau, en particulier en Asie (Barker ''et al.'', 2000). Les variétés de riz adaptées à la culture aquatique sont capables de transférer de l’oxygène depuis les parties aériennes vers les racines (Armstrong, 1967) et préfèrent les sols légèrement réduits plutôt que les conditions d’oxydation ou de réduction extrême (Kludze & Delaune, 1995). Des systèmes d’irrigation assurant la [[saturation]] permanente du sol sans présence de lame d’eau, permettent d’obtenir des rendements équivalents aux systèmes d’irrigation conventionnelle avec lame d’eau permanente de 10-15 cm (Bouman & Tuong, 2001). Cependant la durabilité de ces systèmes reste incertaine, en particulier dans le contexte de la monoculture du riz, avec parfois 2 à 3 cycles de riz par an (Dobermann ''et al.'', 2000 ; 2002). En effet, au-delà de l’impossibilité ou du coût exorbitant de [[drainage]] de beaucoup de grandes plaines rizicoles pendant les saisons des pluies, et au-delà de son rôle capital dans la lutte contre l’enherbement, la présence d’une lame d’eau stabilise les processus physico-chimiques du sol et assure une intense vie biologique à la surface des rizières (Roger, 1996) ; la production de C et N qui en résulte constitue une des clés de la stabilité des rendements du riz pendant de très long périodes (Dobermann, 2004 ; Buresh ''et al.'', 2001). De ce fait, si, pendant la [[phase végétative]], le maintien d’une lame d’eau faible est largement recommandé pour ne pas contrarier le [[tallage]] du riz, le drainage de la rizière, sans désaturer le sol, n’est recommandé que pour l’apport des [[engrais de couverture]] avant l’initiation paniculaire, sauf dans les sols souffrant de problèmes particuliers tels que l’excès de fer. L’existence même de la riziculture pluviale montre qu’il est possible de cultiver le riz en conditions d’aérobiose. Mais, pour éviter des difficultés croissantes de maîtrise de l’enherbement et une chute importante des rendements au-delà de 3-5 ans de monoculture, les paysans sont conduits à pratiquer ce type de riziculture en [[rotation]] avec d’autres plantes (Jacquot & Courtois, 1983). D’autres aspects du SRI font débat, comme la rigidité du système vulgarisé pour l’âge des plants au repiquage ou le nombre de pieds par touffe, alors que son initiateur préconisait de prendre en compte les facteurs locaux (y compris sociaux, comme de savoir si ce sont les femmes qui repiquent) plutôt que de s’attacher à appliquer à la lettre un système mis au point dans des conditions précises à Madagascar (Laulanié, 2003).
 
 
 
L’inondation des rizières peut entraîner un coût important en main d’œuvre pour assurer la construction de terrasses lorsque le relief est important. Mais les terrasses, outre le gain important de rendement qu’elles permettent, sont aussi un bon moyen de lutter contre l’érosion ; ainsi, le gouvernement du Vietnam subventionne-t-il avec succès l’enterrassement pour convertir le système rizicole pluvial sur défriche-brûlis des montagnards, en système rizicole inondé, tandis que l’adoption de [[couvertures végétales]] pour stabiliser la riziculture pluviale ne se développe pas (Affholder ''et al.'', 2008).
 
 
 
La recherche rizicole doit maintenant relever 3 grands défis interdépendants :
 
* défi agronomique : pour faire face à la demande, il faut continuer à augmenter la production malgré des superficies cultivées en diminution ;
 
* défi environnemental : la riziculture pluviale doit limiter ses effets sur l’émission de CO<sub>2</sub> (défriche-brûlis) et l’érosion, tandis que la riziculture inondée est interpelée sur ses émissions de méthane et ses consommations en eau.
 
* défi économique : le riz est d’abord un aliment pour les pauvres, qui doit rester abordable pour ceux-ci. Or les formes les moins coûteuses de production sont aussi les plus [[extensives]], et l’intensification implique souvent d’importants investissements hors de leur portée.
 
  
Pour répondre à ces 3 enjeux, la recherche agronomique a développé plusieurs champs d’activités qui ont pris d’autant plus d’importance que le riz bénéficie du statut de [[plante modèle]] en raison de son importance économique.
 
 
Plusieurs équipes travaillent sur le développement de riz [[hybride]]s. Les barrières de stérilité sont tombées et les gains de production sont notables. Toutefois ce type de variétés hautement améliorées demande aux producteurs des niveaux de technicité et d’investissements en intrants correspondant à leur productivité. Or, le riz étant principalement une culture de subsistance, cela pose problème pour les petites exploitations familiales. Ces variétés demandent également une importante et coûteuse structure de production de semences, qui ne peut actuellement couvrir l’ensemble des surfaces rizicultivées, surtout dans les pays les plus pauvres.
 
 
Pour mettre au point des variétés répondant aux besoins des petits producteurs (productivité, qualité, tolérance à de multiples contraintes, faible niveau d’intrants), d’autres techniques ont été utilisées, comme le [[transfert de gène]]s ([[OGM]]), l’utilisation de mutants ou les croisements interspécifiques C’est le cas du « riz doré », du cultivar « ''clearfield'' » et des variétés ''Nerica''. Pour l’OGM « riz doré », le but est d’avoir des grains riches en β-carotène, dimère de la vitamine A (Ye ''et al.'', 2000) ; mais une diète diversifiée, incluant des [[légumes]], peut aussi permettre d’apporter les mêmes caroténoïdes, en évitant les problèmes spécifiques liés aux OGM (Enserink, 2008). Le cultivar « ''Clearfield'' » a été obtenu par mutagénèse et [[sélection]] conventionnelle afin de [[tolérer un herbicide]] ; il s’agit donc ici de lutter plus facilement contre les [[adventices]] ; mais certaines études ont montré des flux de gènes possibles entre ces variétés et les riz sauvages adventices (Shivrain ''et al.'', 2009). Dans le cas du ''Nerica'' (''New Rice for Africa'') mis au point par le Centre Africain du Riz en croisant les espèce ''O. sativa'' et ''O. glaberrima'' (Jones ''et al.'', 1997), la diffusion s’est faite de façon parfois déconnectée des réalités locales, et certaines ONG le voient aujourd’hui comme une opération publicitaire et un allié des grands riziculteurs industriels (Grain, 2009), alors qu’il avait été mis au point pour les petits paysans.
 
 
La diffusion de ce type de matériels pose des problèmes liés au fait que le riz est une plante partiellement autogame, dont le groupe botanique est important et comprend plusieurs [[mauvaises herbes]] très proches des espèces cultivées. Le risque de contamination d’autres espèces n’est donc pas négligeable. Les difficultés des agriculteurs les plus pauvres à accéder durablement à ce type de variétés sont aussi souvent évoquées.
 
 
Les activités de recherche actuelles portent également sur l’économie de l’eau. Des variétés possédant une meilleure [[efficience de l'eau|efficience dans l'utilisation de l'eau]] sont en cours de développement, ainsi que des méthodes agronomiques appropriées pour répondre aux problèmes de la disponibilité en eau et des périodes de sécheresse. Dans ce cadre, une opération ambitieuse cherche à transformer le riz en [[plante C4]] (Bianjiang & Demao, 2009).
 
 
==Références citées==
 
* Affholder F., Jourdain D., Morize M., Dan Dinh Quang, Ricome A., 2008. Éco-intensification dans les montagnes du Vietnam. Contraintes à l’adoption de la culture sur couvertures végétales. ''Cah. Agric.'' 17 (3): 289-296. [http://www.jle.com/fr/revues/agro_biotech/agr/e-docs/00/04/3E/C1/article.phtml Texte intégral] sur le site des Éditions John Libbey Eurotext.
 
* Angladette, 1966. ''Le Riz''. Maisonneuve et Larose, Paris, 930 p.
 
* Armstrong, W., 1967. The oxidizing activity of roots in waterlogged soils. ''Physiol. Plant''. 20, 920–926.
 
* Atlin G.N., Lafitte HR, Taob D., Laza M., Amante M., Courtois B., 2006. Developing rice cultivars for high-fertility upland systems in the Asian tropics. ''Field Crops Res''. 97: 43–52
 
* Barker R., Dawe D, Tuong T.P, Bhuiyan S.I., Guerra L.C., 2000. The outlook for water resources in the year 2020: challenges for research on water management in rice production. ''Int. Rice Comm. Newsl''. 49, 7–21.
 
* Bianjiang Z., Demao J., 2009. Constructing C4 rice - the challenge of new green revolution. AJFS 3 (13) : 434-44. [http://www.academicjournals.org/ajfs/PDF/Pdf2009/Dec%202/Bianjiang%20and%20Demao.pdf Texte intégral (en pdf)] sur le site academicjournals.org.
 
* Bouman B.A.M., Tuong T.P., 2001. Field water management to save water and increase its productivity in irrigated lowland rice. ''Agric. Water Manag.'' 49, 11–30.
 
* Bouman B.A.M., Kropff M.J., Tuong T.P., Wopereis M.C.S., ten Berge H.F.M., Van Laar H.H., 2004. ''ORYZA2000: Modeling Lowland Rice.'' International Rice Research Institute, Los Baños, Philippines and Wageningen University and Research Centre, Wageningen, The Netherlands.
 
* Buffon (Leclerc, Comte de) G.L., 1777. Nourriture de l’Homme dans les différents climats. In : ''Histoire Naturelle, générale et Particulière, Servant de suite à l’Histoire naturelle de l’Homme Supplément''. T. 4 : 402-404. [http://www.buffon.cnrs.fr/ice/ice_page_detail.php?lang=fr&type=text&bdd=buffon&table=buffon_hn&bookId=33&typeofbookDes=hns&pageChapter=IV.+Nourriture+de+l%92Homme+dans+les+diff%E9rens+climats%0D&pageOrder=406&facsimile=off&search=no Texte intégral] sur le site www.buffon.cnrs.fr.
 
* Buresh R.J., Dawe D., Tuong T.P., Ladha J.K., Bouman B.A.M., Lantin R.S., Peng S., Mortimer M., Hill J.E., 2001. Sustainable soil and water management of irrigated rice ecosystems. ''Workshop on Integrated Management for Sustainable Agriculture, Forestry and Fisheries''. 28–31 August 2001. CIAT, Cali, Colombia. [http://webapp.ciat.cgiar.org/inrm/workshop2001/index.htm Actes] sur le site du Centro Internacional de Agricultura Tropical (CIAT).
 
* Cassman K.G., 1999. Ecological intensification of cereal production systems: Yield potential, soil quality, and precision agriculture. ''Proc. Natl. Acad. Sci.'', 96 : 5952–5959.
 
* Dobelmann J.P., 1961. ''Manuel de riziculture améliorée à l’usage des conseillers ruraux''. Tananarive. 239p.
 
* Dobermann A., Dawe D., Roetter R.P., Cassman K.G., 2000. Reversal of rice yield decline in a longterm continuous cropping experiment. ''Agron. J.'' 92, 633–643.
 
* Dobermann A., Cassman K.G., 2002. Plant nutrient management for enhanced productivity in intensivegrain production systems of the United States and Asia. ''Plant Soil'' 247, 153–175.
 
* Dobermann A., 2004. A critical assessment of the system of rice intensification (SRI) ''Agric. Syst.'', 79 (3) 261-281.
 
* Duhamel du Monceau H.L., 1753. ''Traité de la culture des terres, suivant les principes de M. Tull, Anglois''. Tome second, Paris. [http://books.google.fr/books?id=ihkOAAAAQAAJ&pg=PR10&dq=Trait++de+la+culture+des+terres,+suivant+les+principes+de+M.+Tull,+Anglois&hl=fr&ei=m7WYTOOzHc3-Oe_f9NMP&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&ved=0CCsQ6AEwAA#v=twopage&q&f=false Texte intégral] sur Google Books.
 
* Enserink M., 2008. Tough Lessons From Golden Rice. ''Science'' 320 (5875): 468-71.
 
* Grain, 2009. ''Le riz Nerica - un autre piège pour les petits producteurs Africains''. [http://www.grain.org/briefings/?id=216 Texte intégral] sur le site de l'ONG GRAIN.
 
* Jacquot M., Courtois B., 1983. ''Le riz pluvial. Le Technicien d'agriculture tropicale''. Maisonneuve et Larose, Paris, 134 p.
 
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==Pour en savoir plus==
 
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====Bibliographie complémentaire====
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* Un site faisant la promotion du [http://www.warda.org/NERICA%20flyer/technology%20-%20fr.htm Nerica]
 
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====Liens externes====
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==Ouvrages consultables en ligne==
<references/>
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==Autres langues==
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Agostino Gallo (né en 1499 à Brescia, en Lombardie et mort en 1570) était un agronome italien du XVIe siècle.

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Pour en savoir plus

Ouvrages consultables en ligne

  • Gallo A., [1569] 1572. Secrets de la vraye agriculture, et honestes plaisirs qu’on reçoit en la mesnagerie des champs,... traduits en françois de l’italien par François de Belleforest. Chez Nicolas Chesneau, Paris, 427 p. Texte intégral