Pédoclimat - Complément 1

De Les Mots de l'agronomie
Note
Ce texte est un complément à l'article Pédoclimat, écrit par un autre auteur, destiné à apporter des éléments additionnels qui ne figuraient pas dans l'article original.

Date de mise en ligne : 30 mars 2012.

Auteur : Jean-Paul Legros

C’est Dokuchaev, le père principal de la discipline « Pédologie », qui théorisa le premier l’action générale du climat sur le sol en décrivant, avant 1900 et en Russie, des bandes de sols caractéristiques se succédant du nord au sud, suivant les parallèles du globe terrestre et apparaissant en correspondance avec les bandes de végétation (toundra, taïga, forêt feuillue, steppes,…). A partir de là, toutes les classifications futures de sols se devaient d’être plus ou moins climatiques ! C’est donc par la suite que l’on a détaillé toutes les interactions entre sol et climat telles que synthétisées dans l’article de Denis Baize. mais, et ce dernier le montre fort bien, ces interactions sont difficiles à prendre en compte car, au niveau du sol, les caractères généraux du climat sont modifiés par des éléments locaux tels que l’exposition du terrain, sa couleur (s’il est foncé il absorbe mieux les radiations solaires), son humidité (qui lui permet de se réchauffer plus ou moins vite), etc.

Les facteurs de variation étant trop nombreux, la caractérisation du pédo-climat ne peut pas être faite sur des bases théoriques. Elle doit s’appuyer sur des mesures en place. Mais celles-ci sont longues (suivi hydrique journalier du sol au cours de l’année) et parfois très difficiles (mesure du taux d’oxygène du sol alors même que l’observateur, en surface, baigne dans l’oxygène et que les risques de contamination sont importants) ! Bref, en un lieu donné, le pédo-climat n’est connu qu’approximativement et en plus il est changeant dans le temps. Dans un tel contexte, on a cherché à « objectiver » les classifications de sols en les faisant reposer, le plus possible, sur des caractères visibles et mesurables : texture, structure, couleur, taches d'oxydo-réduction, etc. La liste est longue puisque les descripteurs pour chaque horizon de sol - descripteurs potentiels car présents ou pas - sont au nombre d’une bonne centaine.

Tout en s’inscrivant dans cette ligne pragmatique, les Américains ont publié en 1960 leur « 7th approximation », système de classement des sols qui donne une part prédominante au pédo-climat. En effet, dans chaque grande catégorie de sols du monde (les Ordres ou Orders), ils distinguent leurs sols, par leur pédoclimat (dont au niveau 2 = celui des suborders). En particulier ils s'intéressent au "Soil moisture regime" :

  • Aquic - sol saturé par l'eau et sans oxygène dissous
  • Aridic ou Torric - sol sec la moitié de l'année et humide l'autre moitié avec des températures restant au dessus de 5 à 8 degrés, caractérise les climats arides
  • Udic - sol jamais sec plus de 90 jours de suite, caractérise les climats humides
  • Ustic - intermédiaire entre les régimes Aridic et Udic, caractérise les climats de mousson
  • Xeric - hivers humides et été secs, caractérise les climats méditerranéens

Donnons un exemple : un "Mollisol" de climat humide (suffixe "oll" ) est un "Udoll" tandis qu'un Podzol de milieu saturé (un spodosol disent-ils - suffixe "od") va être un "Aquod".

Le système est complexe, les Américains songent même à l'abandonner, mais ils l'ont utilisé pendant 50 ans et l’ont imposé à une partie du monde. La 7th Approximation, qui est devenue plus tard la « Soil Taxonomy » en est au moins à sa dixième édition. Elle représente une page d'histoire importante.

Enfin le pédo-climat devrait être examiné dans un sol donné de manière spécifique pour chacun des horizons de ce sol. C’est bien parce que les horizons médians ou inférieurs du sol sont plus secs (la pluie les atteint moins facilement) qu’ils sont le lieu de précipitations diverses (carbonate de calcium, fer, etc.). En d’autres termes, le pédoclimat changeant de la base au sommet d’un sol est l’une des causes de l’apparition d’horizons au sein de celui-ci !